C’est sous forme d’une causerie, assis derrière une table, que le pape s’est adressé aux consacrés. Parlant de l’abondance du cœur, adoptant un ton familier, mais ferme, ils les a invité à la joie et à la miséricorde. Les religieuses et les prêtres ne doivent pas devenir des vieilles filles ou de vieux garçons mais des mères et des pères pleins de miséricorde pour arriver au terme de leur vie avec un sourire plein d’amour.
Les témoignages de foi au-delà des persécutions doivent devenir les racines de l’espérance chrétienne, a proposé le pape François. La vie consacrée exige de la persévérance. Les Lituaniens qui ont vécu les persécutions peuvent en témoigner, a-t-il proposé en invitant les plus jeunes à regarder la route parcourue par leurs aînés. Véritable provision de persévérance, leur témoignage montre que ni la violence de la diffamation, ni la prison et la déportation n’ont vaincu leur foi et leur espérance.
Ni nostalgie ni accusations, ces récits doivent être assimilés pour devenir les racines des plus jeunes. Ces derniers doivent ainsi puiser l’exemple pour ne pas avoir recours à des attitudes d’évasion pas cohérentes avec leur consécration lorsque vient le découragement. Des mots forts que le pape a tenu à répéter, avant d’ajouter spontanément à l’adresse des jeunes : «il vaut mieux prendre une autre voie [que la vie consacrée, ndlr] que vivre médiocrement, vous avez encore le temps, la porte est ouverte». L’espérance chrétienne est d’autant plus limpide qu’elle est éprouvée.
Cette espérance, a expliqué le pontife, vient d’un «gémissement» : celui provoqué par «l’esclavage de la corruption». «Cela nous ferait du bien de nous demander si ce gémissement est encore présent en nous», a tancé le pape, exigeant comme souvent avec les consacrés. «Peut-être la société du être nous a-t-elle trop rassasiés. (…)Nous nous trouvons alourdis de tout et remplis de rien». Les consacrés ne peuvent jamais se permettre de ne pas «gémir», c’est-à-dire de ne pas implorer le Seigneur.
Pour le successeur de Pierre, ce gémissement doit également naître de la prise de conscience des drames actuels – pauvreté, perte de sens, solitude. Il doit aussi pousser à comprendre tant de personne ont «cessé de chercher l’eau qui étanche la soif» – c’est-à-dire ont perdu la foi. Un apostolat audacieux et créatif est nécessaire pour répondre à ces défis, a souligné le pontife. Car les autres «espèrent en nous», tandis que le Seigneur «a placé ses attentes en nous».
Cette mission est une joie pour les consacrés, a improvisé l’évêque de Rome, car ils sont amoureux du Seigneur. Si vous êtes tristes, a-t-il conseillé, allez trouver un prêtre ou une religieuse sage car «capable d’aller de l’avant dans l’amour» et lui demander conseil. «Car si cette tristesse n’est pas guérie à temps, elle fera de vous des vieux garçons et des vieilles filles», c’est-à-dire des personnes sans fécondité, a lancé le pontife sous les applaudissements.
Puis, il a également appelé à ne pas être des «fonctionnaires du sacré» donnant comme antidote la proximité au Seigneur et aux gens. «Mais père, les gens ne viennent pas. Alors va les trouver!», s’est-il exclamé, déclenchant de nouveau des salves d’applaudissements. «Le Seigneur vous veut pasteurs et pas clercs d’Etat!». Et cette proximité doit particulièrement s’exprimer par la miséricorde, surtout au confessionnal dont «personne ne doit jamais être chassé».
Quant aux religieuses, le pontife leur a demandé d’être des «mères, icônes de l’Eglise et de la Madone» et non pas des commères.
Après cette rencontre, le pape François doit retourner à Vilnius, la capitale. La prochaine étape de son voyage est la commémoration des persécutions subies par les Lituaniens, par une visite au musée installé dans les anciens locaux du KGB et un moment de recueillement devant une stèle érigée en mémoire du ghetto de la ville. (cath.ch/imedia/xln/mp)
Maurice Page
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