El hadj Diaw avait asséné, le 12 décembre 2013, plusieurs coups de couteau à Victor Dasylva, au niveau de la paroi abdominale, du cou et du flanc, et deux autres coups de couteau au neveu de ce dernier, Louis Dasylva, arguant du fait qu’il n’aimait pas les catholiques. La première victime a succombé à ses blessures. La seconde s’en est tirée avec des blessures .
Lors de son jugement, Diaw a déclaré qu’au moment des faits, il n’était pas lucide. «J’avais l’impression d’être envoûté par le diable qui me dictait des choses ignobles à faire», a-t-il notamment indiqué, avant d’ajouter: «mais, je ne m’attaquais qu’aux catholiques, car je ne les supporte pas».
Pour le procureur de la république, El Hadj Diaw est un «terroriste. «Tantôt il évoque un problème religieux, tantôt des problèmes de famille ou encore des troubles psychiques». Des déclarations «mensongères», pour le juge. En fin de compte l’auteur a été condamné à 20 ans de prison.
Pays musulmans à 65%, le Sénégal reste un modèle de cohabitation pacifique entre pratiquants des différentes religions, et n’a jamais connu de troubles d’ordre religieux. Il n’est pas rare que musulmans et chrétiens célèbrent ensemble leurs fêtes religieuses respectives. Par exemple, lors de la fête musulmane de l’Aïd el Adha ou fête des moutons, les familles musulmanes partagent la viande de leur sacrifice de mouton avec les chrétiens. En outre, les fêtes de Noël, de la saint-Sylvestre et de Pâques sont fêtées par les chrétiens et les musulmans. De nombreuses familles comptent en leur sein, des mariages mixtes entre musulmans et chrétiens.
L’Islam sénégalais est confrèrique, modéré et ouvert, ce qui fait que le pays est encore à l’abri des turbulences religieuses qui secouent de nombreux pays. Les deux grandes confrèries musulmanes : les Tidjanes et les Mourides auxquelles appartiennent la majorité des sénégalais sont considérés comme des régulatrices de la société.
Des jeunes intellectuels, formés dans les universités de pays arabes du Golfe tentent difficilement de lutter contre ce learderhip des confréries, prônant un islam plus violent, intolérant et conquérant, ainsi que l’application de la charia ou loi islamique. Ils sont suspects d’être soutenus par des bailleurs de fonds étrangers, à travers des organismes de bienfaisance qui ciblent notamment les familles pauvres des quartiers surpeuplés des grandes villes du pays, telle que Dakar, et le milieu rural. Ils multiplient les œuvres sociales: construction de mosquées, d’écoles arabes, de points d’eau, etc… Leur influence grandit dans certains milieux, particulièrement dans les médias audiovisuels publics et privés. (cath.ch/ibc/mp)
Maurice Page
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