«Afin de soutenir l’annonce de l’Evangile en Chine, le Saint-Père François a décidé de réadmettre dans la pleine communion ecclésiale les derniers évêques ›officiels’ ordonnés sans mandat pontifical», indique le communiqué romain. L’excommunication d’un évêque ordonné sans l’aval de Rome est en effet prévue par le Code de droit canon (art. 1983).
Par cette décision, poursuit le communiqué, le pape François espère qu’un nouveau parcours puisse débuter afin de dépasser les blessures du passé. Les catholiques chinois sont ainsi invités à vivre dans une collaboration plus fraternelle. «L’Eglise existe pour témoigner de Jésus-Christ et de l’Amour pardonnant et salvifique du Père», insiste le Saint-Siège.
Cette décision du souverain pontife concerne sept évêques en vie: Mgr Vincent Zhan Silu, nommé à Mindong en 2000 ; Mgr Joseph Liu Xinhong, nommé à Anhui en 2006; Mgr Joseph Ma Yinglin, nommé à Kunming en 2006; Mgr Joseph Guo Jincai, nommé à Chengde en 2010; Mgr Joseph Huang Bingzhang, nommé à Shantou en 2011; Mgr Paul Lei Shiyin, nommé à Leshan en 2011; Mgr Joseph Yue Fusheng, nommé à Harbin en 2012. Décédé en janvier 2017, Mgr Antoine Tu Shihua, nommé en 1991 à Hanyang, est lui aussi réintégré à titre posthume car il en avait exprimé le désir avant de mourir, précise le Vatican. Toutes ces nominations par le gouvernement chinois ont donc eu lieu avant l’élection du pape François.
Attendue depuis plusieurs mois et avec plus d’insistance ces derniers jours, cette décision intervient alors que le Vatican a annoncé le jour même la signature avec le gouvernement chinois d’un «accord provisoire» sur les nominations épiscopales. Pour le moment, les détails de ce compromis n’ont pas été communiqués. Cette levée des excommunications était souvent vu comme un préalable à tout accord.
A noter que le Saint-Siège annonce également l’érection d’un nouveau diocèse, celui de Chengde, suffragant de l’archidiocèse de Pékin, dans la province du Hebei. Il couvre près de 40’000 km2, compte 25’000 fidèles sur 12 paroisses et peut compter sur sept prêtres et une dizaine de religieuses.
L’objectif du Saint-Siège est pastoral, insiste le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, dans une déclaration transmise par le Vatican. Il s’agit ainsi de «créer les conditions, ou d’aider à créer les condition d’une plus grande liberté, autonomie et organisation». Et ce afin que l’Eglise catholique puisse se dédier à l’annonce de l’Evangile et contribuer au bien-être et à la prospérité spirituelle et matérielle et à l’harmonie de la Chine et du monde.
«Pour la première fois, se réjouit le haut prélat, tous les évêques de Chine sont en communion» avec Rome. «Ce qui est désormais nécessaire est unité, confiance et nouvelle dynamique» et de bons pasteurs diocésains. Cet accord devrait être un instrument juste pour ces objectifs, espère-t-il.
Pour cela, il est nécessaire selon le cardinal Parolin que les fidèles chinois s’engagent dans des «gestes fraternels de réconciliation», afin de dépasser les incompréhensions et les tensions passées. Ainsi, estime-t-il, l’Eglise pourra accomplir sa mission et contribuer à la croissance spirituelle et matérielle de la Chine ainsi qu’à la paix et la réconciliation dans le monde.
Dans des propos rapportés le 21 septembre par le site Catholic culture, le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, très opposé à un accord, a accusé le cardinal Parolin de réaliser une «incroyable trahison» envers les fidèles chinois. «Ils sont en train de donner le troupeau à la bouche des loups», a-t-il ajouté demandant la démission du secrétaire d’Etat.
En février dernier, le cardinal Zen avait indiqué qu’il se retirerait «en silence pour une vie monastique» si un mauvais accord venait à être signé. «Je ne me ferai pas le chef d’une rébellion», avait-il assuré. (cath.ch/imedia/xln/mp)
Maurice Page
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