En mai dernier, la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Dicastère pour le service du développement humain intégral avaient publié le document Œconomicae et pecunariae questiones – Questions économiques et financières, en latin. Cet entretien du pontife à un quotidien financier vient notamment détailler ce document qui appelait le système économique à renouer avec «ce qui est authentiquement humain».
Pour le pape François, le système économique et financier actuel «a mis au centre une idole, qui s’appelle l’argent». Pour lui, ce système favorise une «culture du déchet» et tue, car il n’est plus basé sur la personne humaine. Le chômage de masse dans certains pays occidentaux s’explique aussi, selon le pontife, par ce système qui a fait des revenus son objectif premier et unique.
Face à ce constat, le successeur de Pierre appelle à un «nouvel ordre économique». Celui-ci serait notamment basé sur la reconnaissance de l’homme comme ressource «la plus importante» de toute entreprise.
«Les sous, les vrais, se font par le travail», insiste-t-il. Pour ce changement, estime-t-il, il faut une prise de conscience que l’humanité constitue «une unique famille». Les opérateurs économiques, en particulier, «ne peuvent plus ne pas écouter le cri des pauvres». C’est un véritable «nouvel humanisme du travail» que veut le pape.
L’action des entreprises, détaille-t-il, est positive lorsqu’elles agissent en respectant la dignité des personnes et en poursuivant le bien commun. Le pape François appelle donc les entreprises à former leurs employés à des valeurs comme l’éthique et la solidarité. Cette nouvelle approche de la relation aux autres serait aussi positive pour l’environnement, espère le pontife, car «dégradation environnementale et dégradation humaine vont de pair».
Dans cet entretien au quotidien économique, l’évêque de Rome revient également sur le travail comme source de dignité. Travailler, souligne-t-il, c’est être capable d’assumer des responsabilités. C’est aussi donner une suite à la Création. Le travail a donc une «haute signification spirituelle». A l’inverse, les revenus non liés au travail «créent de la dépendance et déresponsabilisent», analyse le pape François.
Quant aux chefs d’entreprises, il les invite à «savoir diriger, mais aussi savoir écouter». Il les appelle donc à créer des cercles vertueux de travail et de responsabilisation. Les entreprises, demande le pape, doivent promouvoir une vie digne, ce qui ne peut que leur être positif selon lui. Cela nécessite, reconnaît-il, «du courage et du génie créatif».
Interrogé sur la crise des migrants en Europe, l’évêque de Rome a considéré qu’il s’agissait d’un grand défi. Toutefois, accueillir «avec les bras bien ouverts» est une exigence du Christ lui-même. Réciproquement, les nouveaux arrivés doivent être respectueux de la culture et des lois des pays qui les accueillent. Pour répondre à la crise migratoire, le pontife invite l’Europe à ne pas parler seulement de nombres mais surtout de «personnes».
L’Eglise pour sa part doit être une «mère qui embrasse» tout le monde et qui sait partager l’espérance de ceux qui ont tout laissé derrière eux pour un avenir meilleur. Quant aux entreprises, elles doivent aider à donner la dignité du travail aux plus pauvres et la possibilité à leur pays de construire des sociétés justes et démocratiques. (cath.ch/imedia/pad/xln/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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