«Je suis très heureuse qu’on donne la parole aux personnes qui se sentent exclues», a assuré Françoise Gay suite à la rencontre. Invitée par le diocèse, cette paroissienne valaisanne a témoigné de son itinéraire devant les responsables de la pastorale familiale, les couples et les personnes seules réunis dans les locaux de l’évêché. Elle a notamment expliqué à quel point elle s’était sentie exclue de sa communauté paroissiale suite à son divorce.
De nombreuses autres personnes dans le même type de situation ont exprimé leurs sentiments, leurs doutes, leurs attentes. «Les participants ont échangé très librement, dans une très bonne ambiance, confie Mgr Lovey à cath.ch. Nous avons perçu un sentiment partagé de satisfaction que cette rencontre ait eu lieu. Certains attendaient depuis longtemps de trouver un lieu où s’exprimer.» Une démarche encore inédite pour le diocèse, qui désirait en particulier mieux comprendre ce que vivent ces personnes. «Nous, responsables d’Eglise, avons pu davantage saisir leur souffrance et les rejoindre dans cette dernière, assure l’évêque de Sion. Et quand une souffrance est partagée, entendue, elle est souvent allégée».
Les organisateurs ne pensaient pas recevoir autant d’inscriptions. L’importante participation leur a confirmé qu’un réel besoin d’écoute existait. «Il était nécessaire que ces personnes se sentent accueillies, qu’elles se sentent pleinement membres de l’Eglise, hors de tout jugement», souligne Mgr Lovey. Un aspect pas forcément évident, notamment au vu de la polémique provoquée par la simple annonce de la rencontre. Le terme de «couples irréguliers» avait suscité de nombreux commentaires négatifs dans la presse ou sur les réseaux sociaux. «Des réactions dont la violence nous a surpris», commente l’évêque.
L’une des étapes de la rencontre du 1er septembre a ainsi été de réexpliquer le sens profond du mariage chrétien et de réaffirmer qu’il n’y avait, dans la démarche, aucune forme de stigmatisation des couples ne correspondant pas à cet idéal. Pour autant, aucune des critiques soulevées dans l’espace public n’a été évoquée par les participants, note l’évêque, qui confirme le climat constructif dans lequel se sont menés les débats.
Pour mieux faire comprendre la position de l’Eglise, quatre extraits de l’exhortation apostolique Amoris laetitia ont été lus et commentés. «Bien sûr, de nombreuses questions et attentes ont concerné l’accès à la communion, souligne Mgr Lovey. Nous avons réaffirmé à ce propos l’importance du discernement et de l’accompagnement. Le fait que des situations si diverses ne pouvaient pas être réglées par une seule loi générale. Comme l’affirme Amoris laetitia, la réception de l’Eucharistie peut ainsi être une possibilité dans le cadre du cheminement de certaines personnes. La décision restant du ressort du prêtre qui accompagne.»
L’évêque rappelle également que, même si l’Eucharistie est centrale dans la vie d’un chrétien, elle ne constitue pas la seule «nourriture» spirituelle. «La Parole de Dieu est nourrissante. La communauté est nourrissante. Et c’est aussi pour cette raison qu’il est nécessaire de dépasser les exclusions». Un accent a en outre été mis sur les divers services d’écoute et d’accompagnement de l’Eglise en rapport aux questions de mariage et de famille. Les Equipes Notre-Dame (END) ont notamment été mentionnées.
Au-delà du temps d’échange formel, les participants ont pu réfléchir et méditer à ces questions lors du repas de midi. Des démarches de prière ont également été proposées, qui avaient pour thème «Le chemin et la vie». En fin d’événement, les participants se sont fait remettre une petite carte portant l’adresse suivante: «A l’amour, qui sait trouver le chemin et donne toujours vie, sont confiées les nôtres». Mgr Lovey note l’importance qui a été donnée, dans cette journée, à l’aspect de progression. «Car il faut garder à l’esprit que le chemin se fait en marchant, jour après jour». (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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