Aux parents de personnes homosexuelles, le pontife a demandé de «prier, ne pas condamner, dialoguer, comprendre». Avant d’ajouter: «Et puis, à quel âge se manifeste cette inquiétude de son fils? C’est important. C’est une chose quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses.» Dans la retranscription ›officielle’ du Vatican, figure seulement : «il y a beaucoup de choses à faire, pour voir comment sont les choses».
Le Saint-Siège a l’habitude de corriger les fautes d’orthographe et de grammaire de cette conférence de presse, tenue à chaque fois au retour d’un voyage fatiguant, au bout d’une longue journée, tard le soir et à 10’000 mètres d’altitude. Plus rarement – cela ne semble pas avoir été encore le cas depuis le début de ce pontificat – des propos du pontife sont corrigés, voire retirés.
En 2009, les propos du pape Benoît XVI sur le préservatif dans l’avion le conduisant au Cameroun avaient suscité polémique. Selon les journalistes présents, le pontife avait affirmé : «On ne peut pas le dépasser [le problème du Sida] avec la distribution de préservatifs, au contraire, ils augmentent le problème». La retranscription officielle stipulait quant à elle: «on ne peut pas dépasser le fléau avec la distribution de préservatifs. Au contraire, ils risquent d’augmenter le problème».
En mai 2007, le Saint-Siège avait été plus loin puisque sa retranscription avait notamment expurgé toute une phrase du successeur de Pierre, prononcée dans l’avion vers le Brésil. Dans cette phrase alors supprimée, il affirmait au sujet de Mgr Oscar Romero : «Je ne doute pas que lui-même mérite d’être béatifié, mais nous devons considérer le contexte».
Par ailleurs, les propos du pape François sur la psychiatrie ne sont pas tout à fait clairs. Ils sont aussi à insérer dans l’origine argentine du pontife: Buenos Aires est en effet souvent considérée comme la «capitale» des idées freudiennes. Lors de ses entretiens avec Dominique Wolton – parus dans Politique et société (éditions de l’Observatoire, 2017) – l’évêque de Rome avait indiqué avoir lui-même suivi une psychanalyse pendant six mois alors qu’il avait 42 ans.
Interrogé en 2013 peu après son élection au pontificat par une jeune fille, le 266e pape avait expliqué avoir décidé de vivre à la résidence Sainte-Marthe et non au Palais apostolique pour des raisons de «personnalité, (…) pour des motifs psychiatriques». Une citation qui révèle une certaine confusion chez le pontife, puisque l’expression de «motifs psychologiques» aurait été plus adéquate.
La psychiatrie est effectivement une branche de la médecine agissant sur les troubles mentaux. La psychologie quant à elle étudie l’ensemble de la personne pour l’aider à comprendre et à surmonter ses problèmes ou symptômes.
(cath.ch/imedia/xln/rz)
Raphaël Zbinden
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