A l’époque, l’île compte 3 millions d’habitants et affiche 94% de catholiques tandis que 91% vont à la messe au moins une fois par semaine. Avec ses nombreuses vocations, l’Irlande est alors la première pépinière de missionnaires au monde. Toutefois l’île est aussi le théâtre de violences. En effet, l’existence de l’Irlande du Nord rattachée au Royaume-Uni est perçue comme une occupation britannique.
Première visite d’un pape en Irlande, ce voyage marathon permet à pratiquement deux Irlandais sur trois de le voir. Jean Paul II n’a toutefois couvert que le sud de l’île, à savoir la République d’Irlande. Une décision regrettée par les catholiques d’Irlande du Nord mais prise pour des raisons de sécurité.
Un an à peine après son élection au trône de Pierre, le pape Jean Paul II a donc prononcé en Irlande 22 homélies et allocutions, dont un message télévisé à l’intention des malades diffusé sur la chaîne publique le soir même de son arrivée dans le pays.
Le premier jour, Jean Paul II a célébré une messe devant plus d’1,25 million de fidèles au Phoenix Park, lieu également choisi pour la célébration eucharistique du pape François. «Comme saint Patrick, moi aussi, j’ai entendu la voix des Irlandais m’appeler et ainsi je suis venu à vous», a alors déclaré le pape polonais en introduction de son homélie.
L’évêque de Rome a ensuite présidé une liturgie de la Parole à Drogheda, près de la frontière avec l’Irlande du Nord, devant 300’000 personnes, principalement des Nord-Irlandais. Il y a prononcé un discours considéré comme le plus important de sa visite. «Je vous supplie à genoux de vous détourner des sentiers de la violence et de revenir sur les chemins de la paix», a-t-il lancé solennellement.
Le pape Jean Paul II a commencé la deuxième journée par une courte visite à l’ancien monastère de Clonmacnoise. Avec 20’000 participants, il a expliqué que les ruines étaient «toujours chargées d’une grande mission». Il a plus tard célébré une messe devant 300’000 jeunes à l’hippodrome de Galway. C’est ici qu’il a prononcé une des phrases les plus mémorables de sa visite : «Jeunes d’Irlande, je vous aime».
Le pontife s’est ensuite rendu au sanctuaire marial de Knock, dont il confiait être le véritable «but» de son voyage en Irlande. Selon Richard Deutsch, alors correspondant français en Irlande, les nombreuses références verbales à «Marie Reine d’Irlande» ont irrité certains milieux protestants. La messe en plein air au sanctuaire a quant à elle été suivie par 450’000 personnes.
Le pape a enfin rencontré des malades et a élevé l’église du sanctuaire au titre de basilique. Comme un avant-goût de la visite du pape François pour la Rencontre mondiale des familles une quarantaine d’années plus tard, il a aussi allumé une bougie pour les familles d’Irlande.
Le dernier jour, après une brève visite matinale au séminaire national, le pontife polonais a célébré une ultime messe devant 400’000 personnes à Dublin, beaucoup plus que prévu initialement. Au terme de cette cérémonie, le pape a quitté l’Irlande pour se rendre à Boston, où il a entamé une tournée de six jours aux Etats-Unis. (cath.ch/imedia/ah/rz)
Raphaël Zbinden
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