Aux Etats-Unis, des milliers d’Amérindiennes disparaissent chaque année sans laisser de traces. Conséquence de la colonisation des peuples autochtones des Amériques, aujourd’hui encore les «natives» sont bien davantage confrontées aux violences faites aux femmes que le reste des Américaines, peut-on lire sur le site Vatican News.
Au micro de Blandine Hugonnet, Joëlle Rostkowski, ethno-historienne, consultante à l’UNESCO et enseignante à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) à Paris, explique les causes de ce phénomène et les raisons historiques remontant à la conquête des territoires indiens par les colonisateurs blancs. «C’est une séquelle persistante de la colonisation [des Etats-Unis] qui confine encore aujourd’hui ces populations dans les réserves», relève cette spécialiste des Amérindiens.
Les photos des avis de recherches et les ouvertures d’enquêtes sur la disparition d’Amérindiennes sont presque quotidiennes dans la presse américaine. En 2017, la police fédérale américaine a enregistré près de 5’700 disparitions d’Amérindiennes sur le territoire des Etats-Unis. Plus de 2’700 nouveaux cas ont déjà été signalés en 2018.
Agressions, viols, meurtres. Ces milliers de jeunes femmes sont confrontées à tous types de violences. Selon l’Institut national pour la Justice, quatre Amérindiennes sur cinq ont déjà subi des brutalités. Touchées par la déscolarisation, le chômage et la spirale de l’exclusion, ces autochtones américaines sont fragilisées par leur condition particulièrement précaire, relève Vatican News.
Pleinement citoyens américains depuis seulement 1924, les Amérindiens – qui ont été victimes, selon les interprétations divergentes de génocide ou d’ethnocide lors de l’arrivée des blancs sur leurs terres – représentent 2 % de la population américaine. Pour sensibiliser à leur condition, ainsi qu’au fléau de ces agressions, une journée est désormais célébrée pour les Amérindiennes disparues et assassinées. Chaque année, le 5 mai, a lieu une manifestation en mémoire d’Hanna Harris, une Cheyenne disparue en 2013, retrouvée morte après avoir été violée.
Face à ce terrible constat, les «natives» des Etats-Unis ont décidé de faire entendre leur voix. Dans la lignée du mouvement de libération de la parole #MeToo, de nombreuses Amérindiennes militent et s’engagent aujourd’hui pour la défense de leur droits et de leurs terres.
Cette action doit encore porter des fruits du côté de la justice américaine. Malgré une volonté de changement de la législation sous la présidence Obama, explique Joëlle Rostkowski, «les tribunaux tribaux ne sont pas encore habilités à juger des non-Améridiens». Un vide juridique qui laisse trop souvent les agresseurs impunis, déplore-t-elle. (caht.ch/vaticannews/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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