Les plus jeunes victimes avaient 7 ans. L’enquête se base notamment sur les témoignages des victimes. Dans les deux institutions régnait une «culture de l’acceptation» des comportements abusifs, qui s’étalaient ouvertement, poursuit l’IICSA (Independent Inquiry Child Sexual Abuse).
Des enfants ont été abusés devant les yeux d’autres élèves et nombre d’auteurs de tels actes ne leur cachaient pas leurs tendances sexuelles. Selon l’enquête, les abus remontent jusque dans les années 1960 et comprennent «un large éventail de sévices physiques, dont une grande partie avait des connotations sadiques et sexuelles».
L’IICSA déplore que ces institutions aient toujours donné «la priorité à la préservation de leur réputation et au bien-être des moines abuseurs» avant la protection des enfants contre les abus. «Ampleforth et Downside ont tenté pendant des décennies de ne donner aucune information concernant ces abus sexuels à la police et aux services sociaux», a déclaré à la presse le professeur Alexis Jay, qui a dirigé l’enquête.
Au contraire, les deux établissements scolaires se sont efforcés de camoufler les reproches, même après l’introduction de nouveaux standards de prévention en 2001. «Les moines des deux institutions étaient très souvent secrets, évasifs et méfiants à l’égard de toute personne extérieure à la Congrégation bénédictine anglaise», explique le professeur Jay sur le site de l’IICSA.
Au minimum, une dizaine de personnes, parmi lesquelles des religieux, ont été dans le passé soit avertis soit condamnés pour des activités sexuelles ou infractions en matière de pornographie impliquant un «grand nombre d’enfants». Mais le rapport de la commission d’enquête part du principe qu’il y a eu encore beaucoup plus d’abus que recensés.
Les deux écoles, liées aux monastères, doivent mettre en œuvre une «séparation stricte» entre la gouvernance de l’abbaye et celle de l’école, pour que les arrangements de sauvegarde soient exempts de «priorités souvent contradictoires», a conclu le rapport.
Dans un communiqué, l’Eglise catholique en Angleterre et au Pays de Galles salue le rapport de l’IICSA et rappelle que tout abus sexuel sur des enfants et des adultes vulnérables est à la fois criminel et nocif. «L’Eglise condamne sans réserve tout crime de ce genre et ceux qui ont commis ces crimes doivent être traduits en justice». Considérant le rapport de l’IICSA sur la Congrégation bénédictine anglaise, l’Eglise va continuer à offrir son aide à la commission d’enquête.
Christopher Jamison, Abbé de la Congrégation bénédictine anglaise (EBC), a lui aussi salué la publication du rapport, en soulignant qu’il allait continuer de travailler avec l’IICSA. Il présente une nouvelle fois «les excuses sans équivoques» de sa Congrégation «à tous ceux qui ont été abusés par toute personne ayant des liens avec nos Abbayes et nos écoles». Il admet que le rapport pointe des manques dans le passé et invite les victimes qui ne se sont pas encore annoncées à le faire. «Si elles n’ont pas encore pris contact avec les autorités ou avec nous, je les prie de le faire». (cath.ch/kna/iicsa/ebc/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse