Pour sa représentation sur l’échiquier mondial, le Saint-Siège dispose d’un atout de taille : l’indépendance de l»«²Etat de la Cité du Vatican. Ce n’est en effet pas le territoire qui est représenté auprès des autres pays, mais bien le gouvernement de l’Eglise catholique. Grâce à cette infime attache territoriale de 44 hectares, l’Eglise peut se révèler un acteur majeur et reconnu sur la scène internationale.
La finalité de l’Eglise est avant tout de nature pastorale, c»«²est-à -dire porter Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. L’action internationale de l’Eglise ne travaille pas pour défendre un pouvoir mais «»³pour que les routes du monde soient ouvertes au Christ»«³, avait affirmé le pape Benoît XVI en mai 2005.
Comme le Saint-Siège n’a aucun intérêt territorial, il peut donc présenter avec une grande liberté les raisons des uns aux autres. L’Eglise cherche ainsi à exprimer sa solidarité pour les populations avec un langage universel, puisé dans l’Evangile. Sa diplomatie doit être «sacerdotale»«³, d»«²après le pape François lors d’une visite à l’école des nonces en mai dernier. Le pontife ayant demandé aux élèves de mettre en Å“uvre une «»³diplomatie à genoux»«³ : tirer leurs forces de la prière.
Depuis l»«²Ã©tablissement en 2017 des relations avec le Myanmar, le vaste réseau diplomatique du Saint-Siège couvre 183 des 193 Etats reconnus par l»«²ONU. Seuls quelques Etats n»«²entretiennent pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège, notamment l»«²Arabie saoudite, la Corée du Nord ou encore la Chine. Début 2018, les ambassadeurs près le Saint-Siège de 89 pays vivent de façon permanente à Rome. Les nonces résidants sont quant à eux une centaine.
Pour le plus petit Etat du monde, ce tissu planétaire, tricoté au fil des ans, représente une dizaine de pays de plus qu»«²en 2005. Un nombre qui a plus que doublé en 40 ans. Le Saint-Siège se montre en effet désireux d’établir des relations avec tous les Etats, quel que soit leur régime politique ou la conviction religieuse de leurs citoyens.
La diplomatie vaticane suppose des moyens adaptés. Si le pape la personnifie, il est secondé par son bras droit, le secrétaire d»«²Etat, sorte de Premier ministre – chef de gouvernement – et de ministre des Affaires étrangères à la fois. Tout deux s»«²appuient sur la Section pour les relations avec les Etats, tête de l’édifice diplomatique du Saint-Siège.
Pour disposer de toute son amplitude diplomatique et exister sur la scène internationale, le pontife romain peut compter sur les nonces apostoliques, ses ambassadeurs, chargés de représenter les intérêts du Siège apostolique hors du Vatican. Ce sont les principaux agents de la diplomatie pontificale, héritiers d»«²une longue tradition.
Ces prélats de toutes nationalités sont formés à l’Académie pontificale ecclésiastique – l’école de la diplomatie vaticane. Actuellement, sur la trentaine d»«²Ã©lèves, un seul est Français : l’abbé Arnaud du Cheyron, prêtre de l’archidiocèse d’Auch. Il est le premier Français depuis 2006 à avoir rejoint ‘l’école des nonces’.
Depuis 1964, le Saint-Siège est par ailleurs membre des Nations unies à titre d»«²observateur. Ainsi, la mission diplomatique du Vatican à l’ONU ne comprend pas d’ambassadeur mais des observateurs permanents. S’il ne peut donc pas voter, décision prise librement dès l’origine afin de garder sa neutralité, il peut toutefois suivre de près les travaux et mettre son expérience au profit de la paix.
En outre, le Saint-Siège bénéficie du statut d’Etat membre dans onze organisations internationales intergouvernementales, notamment le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l»«²Organisation internationale pour les migrations, ou encore l»«²Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
Les voyages représentent enfin un important moyen pour les Souverains pontifes d»«²assurer la visibilité et la crédibilité du Saint-Siège sur la scène internationale. Très nombreux sous les trois derniers pontificats, ils rassemblent des foules immenses. Parallèlement et très régulièrement, les audiences accordées à de nombreux chefs d’Etat permettent au pape de leur adresser personnellement des messages.
A côté de la voie officielle, le Vatican peut déployer sa diplomatie à travers ses médias. Ainsi lors de la Guerre froide, les informations de Radio Vatican pouvaient passer outre le rideau de fer. De nos jours, le pape François s»«²appuie également sur la «»²diplomatie de l»«²art»«², grâce aux Musées du Vatican. La rencontre culturelle permettant de faciliter le dialogue. (cath.ch/imedia/pas/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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