Selon l’archevêque, le pape François constate que l’Irlande a «changé» au cours des dernières décennies. Si ces changements ont apporté de nombreuses améliorations, a estimé Mgr Martin, «quelque chose a été perdu» et le pontife veut apporter sa réflexion. Sans pour autant s’impliquer dans les débats internes du pays, comme ceux liés aux deux référendums de 2015 et 2018 sur le mariage homosexuel et l’avortement.
Au cours de sa visite en Irlande les 25 et 26 août, a-t-il indiqué, le Souverain pontife se rendra dans la cathédrale de Dublin. Là, il priera à côté d’un cierge allumé en mémoire des victimes d’abus. Ces abus, a regretté Mgr Martin, constituent une «triste dimension de la façon dont l’Eglise s’est développée» en Irlande, avec un «niveau de brutalité très troublant».
Le pape «devra» aborder la question de ces abus au cours de sa visite, a souhaité le prélat. Non pas «comme une part de notre histoire, mais de notre présent, car les blessures sont là». Le 15 juin, l’archevêque avait déjà affirmé que le pontife rencontrerait «différents groupes» de victimes d’abus lors de son voyage. Un tel événement ne figure toutefois pas au programme officiel de l’évêque de Rome.
Les abus, a expliqué Mgr Martin, n’ont pas seulement été sexuels. Il a notamment cité le cas des ›blanchisseries Madeleine’, des institutions gérées par des religieuses où étaient placées des prostituées et des filles-mères. Plusieurs milliers de jeunes femmes y ont été internées contre leur gré, le plus souvent dans des conditions indignes.
Alors que les institutions catholiques irlandaises ont pendant longtemps été moralisatrices et «très enclines à juger», a considéré l’archevêque de Dublin, le pape François «ne pense pas dans ces catégories». Il cherche ainsi à enseigner la doctrine, tout en reconnaissant que les personnes peuvent faire des «erreurs».
Lors d’une conférence de presse le 19 juillet, Mgr Martin avait expliqué que la visite du successeur de Pierre en Irlande «mettra au défi l’Eglise irlandaise». Il avait ainsi espéré que ce voyage puisse apporter les «outils nécessaires» pour développer une nouvelle «feuille de route». (cath.ch/imedia/xln/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse