Cameroun: un prêtre assassiné en zone anglophone

L’abbé Alexandre Sob Nougi, curé de la paroisse du Sacré-Cœur de Bomaka, dans le diocèse anglophone de Buéa, au sud-ouest du Cameroun, en Afrique de l’Ouest, a été abattu vendredi 20 juillet 2018 par des individus non identifiés.

L’Eglise catholique de Yaoundé a reçu des photos de son corps mutilé. Selon des sources divergentes, l’abbé Alexandre Sob Nougi, ancien secrétaire de l’enseignement catholique du diocèse de Buéa, aurait été atteint soit par des balles perdues de soldats camerounais, soit aurait été abattu intentionnellement par les militaires engagés dans des combats contre des séparatistes dans cette zone anglophone du Cameroun. C’est le deuxième religieux tué en une semaine dans le cadre du conflit armé qui ensanglante la région anglophone du pays.

Un deuxième religieux abattu en une semaine

Le 14 juillet 2018, le pasteur Isaac Attoh, venu d’Accra, au Ghana, a été abattu par l’armée camerounaise. Le pasteur du ministère du Destiny Impact a été tué dans la ville de Batibo, au nord-ouest du Cameroun.

Ni les autorités camerounaises ni la hiérarchie catholique ne se sont exprimées sur les circonstances de la mort de l’abbé Sob Nougi. La sécurité dans les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, s’est considérablement dégradée et les combats y sont devenus quotidiens entre les forces de sécurité et des séparatistes armés réclamant la création d’un Etat anglophone indépendant qui s’appellerait «Ambazonie».

Lutte pour un Etat anglophone indépendant

Selon des données de Caritas Internationalis de juin dernier, les incursions armées au Cameroun ont contraint 160’000 personnes à partir de chez elles pour se réfugier dans la brousse et 26’000 autres à traverser la frontière vers le Nigeria pour fuir des régions «hantées par la peur et la mort».

Le conflit a pour origine une crise socio-politique, qui a éclaté en octobre 2016,  suite à des revendications d’activistes des deux régions anglophones, qui représentent environ 20 % des 24 millions de Camerounais. Ces militants dénonçaient, au départ, la marginalisation de leurs régions dans la vie politique nationale. Ils réclament désormais la séparation de leurs régions du reste du Cameroun pour en faire un Etat indépendant. Il serait lié au Cameroun par un système fédéraliste comme cela était le cas durant la période 1961-1972. (cath.ch/com/be)

Jacques Berset

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