Alors que les violences et les répressions se multiplient depuis plus de trois mois dans le pays et que les pressions diplomatiques de la communauté internationale s’accentuent sur le président nicaraguayen Daniel Ortega, la Conférence épiscopale du Nicaragua a publié, le 14 juillet 2018, un communiqué appelant les policiers et les fonctionnaires «à ne pas être complices du mal».
«Ces derniers jours ont connu une recrudescence de la répression et de la violence de la part des paramilitaires pro-gouvernementaux à l’égard de personnes qui protestaient de manière civique. Nous regrettons profondément tant de morts, de douleur et de souffrance de notre peuple», indique en préambule les évêques.
Ils poursuivent en rappelant qu’il est «de notre devoir d’informer la Nation que durant ces derniers mois nous avons été les témoins du manque de volonté politique du gouvernement pour dialoguer sincèrement et chercher de réels moyens qui nous mènent à une vraie démocratie.»
Les prélats rappellent qu’ils ont accepté «de bonne foi» d’être les médiateurs et les témoins du Dialogue National. «Notre mission ne se réduit pas à être les médiateurs et les témoins du Dialogue mais d’apporter également la dimension prophétique de notre ministère. Nous nous sommes vus dans l’urgence d’être présents sur les lieux de conflit pour défendre la vie de ceux qui sont sans défense, consoler les victimes et d’intervenir en ayant comme objectif une sortie pacifique à cette crise (…).»
Les évêques martèlent également que «sont condamnables juridiquement et moralement les attaques perpétrées par la Police Nationale, les groupes paramilitaires pro-gouvernementaux et les bandes organisées excitées qui sont là pour agresser et semer la terreur (…)». Les prélats condamnent également «tout acte de profanation sacrilège contre l’Église ainsi que les agressions dont sont victimes les journalistes nationaux et internationaux, les défenseurs des Droits Humains et les membres de la société civile.»
Les responsables de l’Église nicaraguayenne rappellent en outre qu’il est «du devoir du gouvernement de protéger et respecter la vie de tous les citoyens, y compris ceux qui protestent civiquement.» D’où la volonté des prélats «d’appeler tous les Nicaraguayens, en particulier les policiers, les militaires et les autres employés publics à qui leur conscience leur indique de ne pas appuyer directement ou indirectement ces situations provoquées par le gouvernement ou le parti du gouvernement, de réfléchir sérieusement sur la grave et urgente situation historique que vit le pays et à ne pas être les complices du mal».
Les évêques invitent au contraire ces derniers à s’engager pour défendre la vie, la vérité et la justice. «Nous rappelons que personne n’est obligé à exécuter un ordre qui va à l’encontre de l’un des dix commandements de la loi de Dieu, et particulièrement celui qui dit «Tu ne tueras point».
De Bruxelles, où se tient une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), 13 pays d’Amérique latine ont réclamé le 16 juillet dans une déclaration commune «la cessation immédiate des actes de violence» au Nicaragua. (cath.ch/jcg/mp)
Maurice Page
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