Il y a eu la défaite sur le terrain. La Suisse, battue par la Suède en huitièmes de finale du Mondial russe. Mais il y a eu davantage que la défaite: la frustration. Non, nous avons encore été battus!
Pourtant on y croyait. Mais notre foi n’a pas déplacé les montagnes suédoises
Combien de Suisses étaient devant leur petit écran ce mardi 3 juillet? Combien à guetter ce but qui n’est pas venu? Combien à avoir organisé la fête? Mais le goal n’est pas venu. La délivrance attendue a filé… Pas d’échappée de Shaqiri, pas de coup de tête de Xhaka, même pas d’auto-goal suédois. Rien à se mettre sous nos dents suisses. Quelle déception, quelle désillusion.
Pourtant on y croyait. Mais notre foi n’a pas déplacé les montagnes suédoises. Par-delà l’attente sportive, les supporteurs d’un soir espéraient exulter, se jeter dans les bras, chanter, célébrer. Plus que de figurer parmi les huit dernières équipes du Mondial, notre soif a été de convivialité, de vibrations joyeuses et ferventes.
Et rien qu’une défaite. Une élimination, une fois encore. Nous n’avons eu ni le flacon, ni l’ivresse. Les Suédois ont douché notre soif, ils ont coupé court à la belle aventure de l’équipe à croix blanche. Eliminé, laminé, enterré, notre inextinguible désir de festoyer. La Suisse boutée hors du Mondial, c’est aussi une frustration ravalée, une aspiration remise à plus tard.
Même si nous ne connaissons rien au football, tous les quatre ans se réveille le désir d’être fan
Car il était grand notre désir de communion. Elle était belle notre envie de vibrer avec les joueurs, avec les supporters soudain si nombreux. Même si nous ne connaissons rien au football, tous les quatre ans se réveille le désir d’être fan, de découvrir d’autres passionnés inattendus. Suisse, Suisse, notre besoin de vibrer ensemble reste fort. Mais les occasions sont rares.
Fondamentalement, nous restons des humains. Et ce désir profondément ancré est celui de communion intense. «Qui nous fera voir le bonheur?», demande le psalmiste. «Seigneur, sur nous que s’illumine ton visage», répond le même psaume 4. L’homme est un être de désir, avec ou sans le football.
Bernard Litzler | 6 juillet 2018
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