Selon Radio Okapi, la radio de la Mission d’observation des Nations-Unies au Congo (MINUSCO), l’archidiocèse de Kananga, chef-lieu de la région, ainsi que les diocèses voisins de Luiza, Luebo et une partie de Mweka sont confrontés à une malnutrition infantile sévère depuis septembre 2017
Après plus de 18 mois de violences, notamment le conflit armé entre l’armée congolaise et les rebelles de feu le roi Kamuina Nsapu, et de déplacements massifs, la plupart des foyers de la région du Kasaï n’ont pas pu cultiver leurs terres.
Trois saisons consécutives de récoltes ont été perdues et des centaines de milliers de personnes se retrouvent démunies. Les villageois ont peu de produits à acheter ou à vendre sur les marchés locaux.
Pour le Programme alimentaie mondial, (PAM), le taux de malnutrition au Kasaï est parmi les plus élevés au Congo. «La situation est assez difficile, et inquiète énormément», soulignait en janvier dernier Mateo Perrone, chargée des urgences pour la région du Kasaï.
Pour Mgr Félicien Muanama, évêque de Luiza, «si on n’intervient pas, nous allons perdre beaucoup d’enfants», car la saison sèche s’est installée et pourrait aggraver leurs conditions de vie déjà très précaires. «J’ai consacré tout le mois de mai à la visite des paroisses, des villages, surtout des lieux où il y avait eu des violences. Ce que j’ai constaté fait souffrir: des scènes d’enfants malnutris, des femmes allaitantes et souffrant de kwashiorkor, une maladie de carence nutritionnelle causée par un manque de protéines, vous vous demandez comment elles peuvent prendre en charge des enfants», a-t-il dit avec émotion.
Dans un rapport publié le 11 mai dernier, l’UNICEF comptait 400’000 enfants souffrant de malnutrition aiguë au Kasaï-central, devant être soignés de toute urgence. 10 % des enfants sont âgés de moins de 5 ans.
Pays riche en ressources minières, deuxième plus grand pays d’Afrique, la RDC est secouée par des troubles politiques et communautaires depuis au moins 2016. Le conflit politique est lié à l’exercice du pouvoir, après l’expiration du deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila, à la tête du pays, depuis 2001.
Il a succédé à son père Laurent désiré Kabila, tué dans un attentat en janvier de la même année. Après une réforme constitutionnelle, introduisant la durée et la limite du nombre de mandat présidentiels, il a été élu une première fois en 2006, puis réélu en 2011. Depuis l’expiration de ce dernier mandant en novembre 2016, il est resté au pouvoir malgré une forte contestation populaire.
Quant aux troubles communautaires, ils sont provoqués par des attaques de groupes rebelles contre les populations civiles entrainant le déplacement de plus de 5 millions de personnes à l’intérieur et à l’extérieur du pays, selon les estimations des organisations humanitaires. (cath.ch/ibc/bh)
Bernard Hallet
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