«Pour le gouvernement, il est clair que la nouvelle direction de la Conférence épiscopale d’Argentine (CEA), élue en novembre dernier, se révèle beaucoup plus critique que celle qui existait auparavant., peut on lire dans le quotidien du 25 juin. D’ailleurs, l’élection à la tête de la CEA de Mgr Oscar Ojea le confirme. Tout comme la nomination de Mgr Jorge Lugones à la tête de la stratégique Commission de la pastorale sociale».
De multiples exemples pourraient étayer cette thèse, mais un seul suffit à prendre la mesure d’une évolution nettement plus progressiste de l’Église catholique argentine. Il s’agit, selon le journal, de la désignation de Mgr Victor Emmanuel Fernández, 55 ans, comme archevêque de La Plata, le second diocèse le plus important d’Argentine, après Buenos Aires. Le théologien personnel du pape François succède ainsi à Mgr Héctor Aguer, qui s’est retiré pour raison d’âge. En le nommant, le pape François a confirmé son désir de modeler la CEA en parfaite ligne avec sa sensibilité.
«Ce changement de profil de l’Église argentine, explique Clarin, intervient à un moment particulièrement compliqué pour le gouvernement qui, depuis la crise monétaire consécutive à une montée de l’inflation et à un réajustement réclamé par le Fonds Monétaire International (FMI) a considérablement altéré l’activité économique, frappant les secteurs socialement les plus défavorisés».
A cela, le quotidien estime qu’il faut ajouter l’influence négative sur les évêques, de la décision du président Mauricio Macri d’autoriser le débat sur l’avortement. Une décision vécue même par certains comme un véritable affront alors même que le souverain pontife est argentin.
Dans ce contexte, Mgr Oscar Ojea, président de la Conférence épiscopale, a demandé, lors de l’ouverture de la «Semaine Sociale» à Mar del Plata, que «le réajustement demandé par le FMI ne soit pas payé par les pauvres». Il en a profité également pour signaler que «le niveau des inégalités est énorme et s’accentue chaque jour davantage».
Clarin estime cependant que la plus forte tension contre la Maison Rose, le palais présidentiel argentin, a été suscitée par Mgr Jorge Lugones, président de la Commission de la pastorale sociale, en signalant que la grève était «un droit» reconnu par la doctrine sociale de l’Église face aux situations «d’injustice». Ce qui, selon le journal, a été interprété «comme une caution donnée par l’Église à la paralysie générale du pays». (cath.ch/jcg/mp)
Maurice Page
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