Père, pain, pardon. Telle sont les trois paroles du ‘Notre Père’, que le pape François a commenté lors dans son homélie de la messe à Palexpo devant 41’000 personnes. Ces trois paroles conduisent au coeur de la foi. Le pape a fait l’effort de célébrer la messe en partie en français.
Ne nous fatiguons pas de dire «notre Père»: cela nous rappellera qu’il n’existe aucun enfant sans Père et donc qu’ aucun de nous n’est seul dans ce monde. Mais cela nous rappellera aussi qu’il n’y a pas de Père sans enfants: aucun de nous est enfant unique, chacun doit prendre soin des frères de l’unique famille humaine, a souligné le pape François.
Lors de la messe à Palexpo à Genève le 21 juin 2018, le pape François a exhorté les catholiques suisses à retrouver les «racines» de leur foi par la prière du Notre Père, quitte à aller à «contre-courant».
Dans une ambiance chaleureuse malgré la grande salle métallique du hall d’expositions, le pontife a célébré la messe – pour la première fois en français, mais aussi en latin – devant environ 40’000 personnes, aux trois quarts francophones.
La «langue chrétienne», a affirmé le pontife dans son homélie, s’exprime le mieux dans la prière du Notre Père. Car celle-ci est une «formule de vie», elle révèle notre identité d’enfants bien-aimés, et non de «figurants virtuels». Cette parole, Père, a-t-il ajouté, est la clé d’accès au cœur de Dieu, origine de tout bien et de toute vie.
C’est aussi un bon antidote à la solitude des sociétés déracinées. A chaque Notre Père, à chaque signe de croix, a poursuivi le successeur de Pierre, «nous nous réapproprions les racines qui nous fondent». En effet, le Père «ne nous rassemble pas en groupes de partage, mais il nous régénère ensemble comme famille».
Dès lors, le Notre Père »fortifie nos racines» : la mémoire du bien réapparaît, «la peur et l’incertitude n’ont pas le dessus». Les chrétiens sont donc appelés à agir en frères, comme des gardiens de la famille. Sans aucune indifférence, que ce soit l’enfant à naître, la personne âgée qui ne parle plus, celui qu’on connaît et à qui on n’arrive pas à pardonner, comme le pauvre rejeté.
Le successeur de Pierre a aussi fait remarquer que la demande du Notre Père concernant le pain quotidien engage à une vie plus simple, à contre-courant dans une société devenue si compliquée. Comme le fit en son temps saint Louis de Gonzague, fêté ce jour, jeune jésuite qui abandonna une vie aristocratique pour servir les pauvres.
Sans oublier, a ajouté le pape, que le «Pain quotidien» est avant tout Jésus. «C’est Lui l’aliment de base pour bien vivre», qu’il s’agit de ne pas réduire à une «garniture». Car sans Lui nous ne pouvons rien faire, a rappelé le pontife, citant l’évangile selon saint Jean (Jn 15,5).
Appelant également au pardon qui «fait des miracles» – car il change le mal en bien – le pape François a demandé aux catholiques de faire le premier pas, dans la prière et la rencontre fraternelle, pour obtenir l’Esprit d’unité.
Au nom de la Conférence des évêques suisses, son président Mgr Charles Morerod, a remercié le pape «de ne pas nous laisser nous endormir dans un confortable sommeil entre convaincus, négligeant des milliers de personnes pour lesquelles le Christ a donné sa vie.» L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg a évoqué la difficulté de proclamer Jésus-Christ dans la société occidentale contemporaine. Pour lui cette annonce demande un retour à la simplicité de l’Evangile, que le pape François incarne parfaitement. Citant le théologien genevois, le cardinal Charles Journet, Mgr Morerod a rappelé que «L’Église, c’est l’Évangile qui continue». (cath.ch/imedia/ap/mp)
Maurice Page
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