Quatre députés socialistes à la messe du pape

Six parlementaires fédéraux devraient se rendre à la messe du pape François, le 21 juin 2018, à Genève, rapporte l’hebdomadaire NZZ am Sonntag du 17 juin. Quatre d’entre eux sont des élus du Parti socialiste (PS).

Ada Marra (VD), Manuel Tornare (GE), Liliane Maury Pasquier (GE) et Jacques-André Maire (NE) seront les quatre élus socialistes à se rendre à Palexpo. Les deux autres députés qui assisteront à la cérémonie sont deux démocrates-chrétiens: Guillaume Barazzone (GE), en tant que membre de l’exécutif de la ville, et Dominique de Buman (FR), en tant que président du Conseil national. Manuel Tornare est l’initiateur du «pèlerinage» socialiste a Palexpo. En 2016, l’élu genevois avait déjà organisé une visite au Vatican pour ses collègues députés. Le socialiste valaisan Mathias Reynard, qui avait également été invité, a finalement dû renoncer à se rendre à Genève, à cause d’obligations professionnelles. Il regrette vivement de ne pouvoir y aller, expliquant être un «fan» du pontife, qu’il «retweete» régulièrement.

Genève, trop lointaine pour le PDC?

Le journal zurichois s’interroge ainsi sur l’importante représentation socialiste à cet événement catholique, étant donné que «l’attitude anticléricale appartient de façon certaine au positionnement socialiste de base». Elle s’étonne ainsi que les membres du Parti démocrate-chrétien (PDC), une formation de tradition catholique, ne viennent pas en plus grand nombre.

Le président du PDC, Gerhard Pfister, donne une explication très pragmatique au journal zurichois: Genève serait trop éloignée de la Suisse alémanique. Et la Romandie ne serait pas le terrain électoral de prédilection de son parti. «Les choses se passeraient autrement si la visite du pape avait lieu en Suisse alémanique», souligne le politicien zougois.

Rapprochement gauche-Vatican

La NZZ am Sonntag estime plutôt que le pape François possède une plus grande popularité parmi les forces de gauche que parmi celles de droite. Les socialistes sous la Coupole se seraient ainsi «réconciliés» avec le Vatican, sous l’influence du pape argentin et de son agenda social. «Les chrétiens de gauche peuvent à nouveau se rattacher à leur foi», commente Ada Marra. «La démocratie sociale repose sur deux piliers, le christianisme et le marxisme (…) J’unis les deux courants», affirme la socialiste vaudoise connue pour être une fervente catholique.

Et même des athées assumés comme Carlo Sommaruga se présentent à présent comme des partisans du pape. Le socialiste genevois affirme en effet apprécier François parce qu’il défend les réfugiés, qu’il place la dignité humaine au centre de l’Eglise, qu’il critique le système capitaliste et qu’il plaide pour la protection de l’environnement.

La position complexe du pape

La NZZ am Sonntag note cependant que tous les élus de gauche ne sont pas des fans du pape François. «Il existe toujours une forte tendance anticléricale au sein du parti, souligne le journal. Sur certains dossiers, comme le diagnostic préimplantatoire (DPI), il y a même une dispute ouverte entre les croyants du PS et son aile progressiste».

Pour Pierre Yves-Fux, ambassadeur de Suisse au Vatican, les positions du pape ne peuvent ainsi pas être réduites à un modèle gauche-droite. «François est en effet très à gauche dans certains domaines, notamment en matière sociale et d’environnement, note le diplomate. Mais il est tout aussi conservateur que ses prédécesseurs sur des questions morales fondamentales telles que l’euthanasie, l’avortement et les questions de genre». (cath.ch/nzzam/rz)

Raphaël Zbinden

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