«Le Conseil œcuménique des Eglises (COE) a été fondé dans le but de promouvoir l’unité des chrétiens. Malheureusement, depuis sa fondation, de nombreux clivages et difficultés imprévues sont survenus», a reconnu le patriarche Bartholomée, dimanche à Genève. C’est lui qui a été invité à prêcher durant cette célébration marquant les 70 ans du COE.
Le Patriarcat œcuménique de Constantinople est l’un des membres fondateurs de l’organisation basée à Genève et qui regroupe près de 350 Eglises représentant plus de 550 millions chrétiens dans 120 pays du globe.
Les principales traditions chrétiennes représentées au COE – l’Orient chrétien et les Eglises de la Réforme – devaient redéfinir la nature de l’institution et marquer les limites dans lesquelles le COE est appelé à témoigner et à servir, a déclaré le patriarche.
«Le dialogue n’implique pas de renier sa tradition ecclésiale»
«Le dialogue n’implique pas de renier sa tradition ecclésiale. Il signifie plutôt un changement de notre état d’esprit et d’attitude, ce que nous appelons dans notre langage spirituel le ‘repentir’, en grec métanoia, ce qui veut dire voir les choses d’une autre perspective», a développé le patriarche devant une cathédrale pleine de représentants de diverses confessions. En particulier de délégués des deux Corée.
Dans sa prédication, Bartholomée a également rappelé l’engagement des chrétiens d’Orient pour l’unité. «Peu après la fin de la Première Guerre mondiale qui fut dévastatrice, une voix s’éleva à l’Orient chrétien, interpellant les Eglises de l’oikuménè entier d’établir entre elles une confiance mutuelle, de ne plus se considérer comme étrangères, mais comme parentes et familières en Christ».
Le patriarche Bartholomée a rappelé qu’en 1920, le Patriarcat œcuménique de Constantinople avait publié une encyclique aux Eglises du monde pour créer une «Société des Eglises» sur le modèle de la Société des Nations créée la même année à Genève.
Le COE allait naître finalement naître en 1948, après «un long pèlerinage commun sur le chemin de l’unité, du témoignage chrétien et de l’engagement en faveur de la justice, de la paix et de la préservation de la création», comme l’a relevé le patriarche dans son homélie.
Le patriarche Bartholomée a souligné que ce chemin devait se poursuivre: «Le mouvement visant à rétablir l’unité des chrétiens prend des formes nouvelles pour répondre à des situations nouvelles», a souligné le patriarche dans sa prédication dite en français.
Le comité central du Conseil œcuménique se réunit depuis vendredi 15 juin à Genève et à l’Institut œcuménique de Bossey (VD). Bien que l’Eglise catholique romaine n’en soit pas membre, le pape François marquera les festivités de sa présence, puisqu’il conduira une prière œcuménique avec les membres du comité central, lors du dernier jour de la rencontre jeudi 21 juin 2018. La collaboration entre catholiques romains et COE a été qualifiée de «coopération constructive», par le patriarche Bartholomée.
Elu par l’Assemblée générale qui se réuni tous les huit ans, le comité central du COE se réunit, lui tous les deux ans. Durant cette semaine, les délégués prendront diverses positions en faveur de la Justice, de la Paix et de la Sauvegarde de la Création. Ils prendront également des engagements pour la lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine VIH, responsable du sida. Dimanche, la vice-présidente du Comité central du COE Mary Ann Swenson a rappelé l’attachement spirituel de l’organisation. «La célébration est l’un des moments forts de notre rencontre», a-t-elle insisté. Le pasteur Emmanuel Fuchs, président de l’Eglise protestante de Genève, a salué les liens entre son Eglise et la «communion universelle que représente le COE». (cath.ch/protestinfo/com/be)
Jacques Berset
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