Motivant longuement sa démission surprise, à un an de la fin de la législature, John Christin l’a expliquée en disant ne pas pouvoir «cautionner» des décisions récentes de l’exécutif et déplorant des divergences en termes de gouvernance.
«John Christin, membre laïc du Conseil synodal, a fait une déclaration inattendue dans laquelle il a mentionné des tensions au sein de l’exécutif, avant de remettre sa lettre de démission avec effet immédiat et de quitter la séance». C’est tout ce que l’on peut lire dans le communiqué officiel de l’EERV.
L’agence de presse protestante Protestinfo est plus complète et écrit qu’une majorité de l’organe exécutif de l’Eglise réformée imposerait une ligne sans s’entourer des responsables d’offices, de services ou de région. La minorité du Conseil synodal serait quant à elle réduite au silence par le principe de collégialité, selon le conseiller synodal John Christin.
«Je regrette que cette discussion se passe dans ce cadre», a commenté la présidente du Synode Sylvie Arnaud, fâchée par ce procédé, après le départ du démissionnaire. Elle a ensuite proposé que les éléments soulevés par John Christin, en partie évoqués également par la commission de gestion dans son rapport, soient discutés le lendemain au moment du débat sur la gestion 2017. Un point pour lequel le bureau du Synode a finalement prononcé un huis clos excluant de la salle le public, les journalistes et les employés de l’administration centrale de l’EERV, à l’exception du Conseil synodal.
Ainsi, selon John Christin, enseignant retraité vivant à Ollon, deux visions s’affrontent en termes de gouvernance à la tête de l’EERV. «D’une part, certains défendent le principe d’un Conseil synodal fort, qui veut prendre des décisions préparées par un ou deux membres du collège qui en font part ensuite aux premiers collaborateurs qui peuvent faire ici ou là des remarques. Au nom de cette vision, il faudrait pouvoir contrôler et maîtriser tout ce qui se passe au sein de l’EERV. L’autre vision imagine une équipe élargie autour du Conseil synodal, responsable d’offices, coordinateurs de services et de régions qui planchent sur les dossiers principaux engageant notre Eglise».
La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase, selon Protestinfo, est la décision de retirer à John Christin le dossier des ressources humaines pour le confier au président du Conseil synodal Xavier Paillard. Une décision que John Christin explique par le fait qu’il a défendu l’Office des ressources humaines (ORH) au sein de l’exécutif à une période où, à la suite des licenciements qui ont fait grand bruit, «le Conseil synodal a voulu se dégager de ses responsabilités en les mettant sur les seules épaules du responsable ORH».
Dans son rapport, la commission de gestion constate plutôt que les crises qui ont agité l’EERV en 2017 ont fait émerger une «divergence très forte au sein du Conseil synodal, divergence qui a mis en relief, de fait, deux visions qui président à leurs décisions. La première met en avant l’humain en mettant au second plan l’aspect des règles et procédures à respecter. La deuxième, bien que reconnaissant l’importance de l’humain, donne la priorité au respect des règles et procédures».
Vendredi après la séance, Xavier Paillard, président du Conseil synodal, l’autorité exécutive de l’EERV, avouait être en désaccord avec les arguments avancés par son ancien collègue. «Mais je ne vais pas entrer dans un jeu de ping-pong en reprenant chacun des points évoqués». Quant à la question du changement de répondant de l’ORH au sein du Conseil synodal, le président explique «vu l’importance qu’a cet office, il est important que la courroie de transmission avec le Conseil synodal fonctionne bien». Les autres arguments qu’il n’aura pas manqué de développer lors de la séance du samedi étaient frappés par le sceau du huis clos, note ProtestInfo.
Durant cette session, les délégués ont également décidé d’octroyer une subvention annuelle de 275’000 francs à l’Espace culturel des Terreaux, à Lausanne, pour les saisons 2019-2020 et 2020-2021. Une décision qui marque la volonté de faire perdurer cette interface entre culture et religion malgré le départ à la retraite de son fondateur Jean Chollet. En pleine réflexion sur son avenir, l’Espace culturel des Terreaux devrait être appelé à devenir «une plateforme à l’interface entre les questions éthiques, culturelles, spirituelles et de société, a esquissé la conseillère synodale Line Dépraz.
Les comptes 2017 ont été adoptés. Ils présentent un bénéfice de 931’000 francs alors qu’un déficit de 850’000 francs avait été budgété pour environ 43,5 millions de francs de charges. Le Synode a accepté de diminuer la contribution des régions et des paroisses à la caisse cantonale. (cath.ch/protestinfo/eerv/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse