Même si depuis un certain temps l’avortement est dépénalisé sous certaines conditions en Belgique, la dépénalisation totale «changera fondamentalement le regard sur l’interruption de grossesse» et aura «de très sérieuses conséquences».
La Commission Justice de la chambre à Bruxelles se penche actuellement sur différents projets de lois visant à retirer l’avortement du Code pénal. Dans une prise de position publiée le 15 juin, la Conférence des évêques de Belgique rappelle que «dans une démocratie, le Code pénal garantit la protection de la dignité humaine et de l’intégrité physique de chaque personne». Elle se demande si cette protection peut être négligée «lorsqu’il s’agit d’une vie humaine en développement avant la naissance».
Les évêques soulignent ensuite que, quelles que soient les circonstances, l’IVG ne peut être réduit à un acte médical banal. «L’avortement n’ira jamais de soi. (…) Même si on le supprime du Code pénal. Il ne deviendra jamais une ›intervention’ ordinaire. Il ne sera jamais pratiqué de gaieté de cœur. Ce sera toujours un échec: il y aura toujours des perdants», écrivent-ils. «Certes, en certaines circonstances, on peut se sentir perdu et désespéré. On se retrouve alors si seul, déboussolé». Cependant, poursuivent-ils, «une législation qui ferait de l’avortement une intervention ordinaire, fait très peu de cas du vécu, du ressenti des personnes».
«Supprimer l’avortement du Code pénal, c’est prendre le risque d’en faire une intervention médicale anodine. Non seulement, dans les cas prévus par la loi, l’avortement ne sera plus considéré comme une infraction. Il deviendra un droit».
Les évêques belges craignent aussi que, en retirant l’avortement du Code pénal, l’objection de conscience du personnel médical par rapport à cet acte soit mis en danger: «Celui qui posera des questions ou refusera l’avortement devra se justifier. Cela vaut tant pour le médecin que pour la femme concernée. Même si on conserve la clause de liberté de conscience, elle sera de moins en moins invoquée. Car un acte médical requiert une décision médicale, et non pas tant une décision de conscience».
La prise de position signée par le cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, président de la Conférence épiscopale et tous les évêques de Belgique, met en garde contre les risques de dérive. La société «éprouve des difficultés croissantes par rapport à tout ce qui contrecarre ses projets, ce qui perturbe notre mode de vie (…) Cela s’applique aux personnes âgées ou malades, aux personnes handicapées, aux pauvres, aux étrangers ou réfugiés qui se retrouvent parmi nous. Cela s’applique également à la vie à naître».
Et de souligner que dans son encyclique Laudato si’, le pape François affirme que tout est lié: «Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent». (cath.ch/cathobel/be)
Jacques Berset
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