La journée a débuté par une célébration œcuménique présidée par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège et membre de Sant’Egidio, et par le pasteur Martin Hoegger, très engagé pour la cause œcuménique et ami de longue date de la communauté sise à la Rue de l’Industrie 5.
Autres symboles marquant l’engagement de la communauté Sant’Egidio avec les «marginalisés de notre monde»: des résidents de l’EMS de Mont-Calme à Lausanne, venus assister à la célébration en chaise roulante, des migrants de diverses nationalités, des membres de la communauté Rom. Et un geste marquant la dimension œcuménique de cet engagement, qui se base sur l’Evangile: une accolade chaleureuse, dans la Basilique, entre le pasteur protestant et l’évêque catholique.
D’emblée, le ton est donné: «Nous remercions le Seigneur, au nom de tous ceux qui, dans les diverses parties du monde, s’engagent et prient pour la charité, l’unité, et pour la paix. Nous saluons chaleureusement nos amis de confession musulmane qui vivent actuellement le ramadan», a déclaré l’évêque de Liège. Une phrase importante, quand on sait que Mgr Delville a présidé la messe d’enterrement de Soraya Belkacemi et Lucile Garcia, ces deux policières tuées à Liège le 29 mai dernier par le délinquant belge radicalisé Benjamin Herman, qui les a abattues en criant «Allahou Akbar» (»Dieu est plus grand»).
«Le tueur a lancé un cri qui fait penser à l’islam, mais c’était un baptisé catholique… Benjamin Herman n’était pas un étranger», a rappelé l’évêque, en citant l’action de cette employée musulmane qui a retardé le tueur, «un pseudo musulman», permettant d’éviter un bain de sang dans l’école où elle était employée. Un exemple parlant pour celui qui a rencontré la communauté Sant’Egidio quand il était séminariste à Rome.
C’est d’ailleurs dans leur église de Rome qu’il a été ordonné diacre en 1978. Fort de ce long cheminement au sein de la communauté Sant’Egidio, il a lancé: «il faut construire une globalisation de la solidarité, construire des ponts par le dialogue. Soyons des acteurs de paix dans la prière et la solidarité avec les pauvres!»
Poursuivant la fête d’anniversaire à la salle Notre-Dame, les participants ont pu goûter aux spécialités culinaires syriennes. Ils ont également écouté attentivement les allocutions du municipal lausannois Oscar Tosatto, en charge des sports et de la cohésion sociale, et de Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et depuis des décennies compagnon de route de Sant’Egidio. Le vicaire épiscopal Christophe Godel a salué «le charisme particulier» de la communauté au sein de l’Eglise locale. Il a martelé: «les pauvres sont votre trésor !»
Le pasteur Laurent Zumstein, représentant l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV), a quant à lui salué l’engagement sur le terrain des membres de la communauté et de leurs sympathisants: «Vous ne vous contentez pas de discours pieux que l’on entend trop souvent dans nos églises. Si vous aviez été là, à Bethléem, Jésus ne serait pas né dans une étable!»
Saluant la présence dans la salle de Roms de Roumanie et d’autres migrants – «les nouveaux Européens» -, Oscar Tosatto a salué, au nom de la municipalité de Lausanne, l’immense travail de la communauté Sant’Egidio de la ville, la seule de Suisse. Cet engagement a commencé il y a 28 ans avec «l’Ecole de la paix», une aide scolaire dans le quartier populaire de la Bourdonnette.
«La cohésion sociale de notre ville est le fruit de la collaboration constructive avec des associations comme la vôtre», a poursuivi le municipal, reconnaissant leur rôle d'»aiguillon» qu’elles jouent pour que les pouvoirs publics agissent dans certains domaines. «En 2014, sous votre impulsion, des enfants Roms ont pu retrouver le chemin de l’école, d’autres y entrer pour la première fois… Cela n’a pas été facile, parce que la problématique est sensible au plan politique, mais ce dispositif continue d’exister. Pour ces enfants scolarisés, les bénéfices sont immenses. Cela leur a donné des perspectives d’avenir. Ils ont retrouvé le sens du mot espoir! «. Il a alors fait applaudir Anne-Catherine Reymond, fondatrice et présidente de la communauté Sant’Egidio à Lausanne.
Cette dernière, faisant l’historique de l’implantation de Sant’Egidio à Lausanne, a expliqué les débuts à la Bourdonnette, puis les nouveaux développements. «Nos liens d’amitié se sont étendus aux personnes âgées, aux migrants, puis aux SDF, aux condamnés à mort, aux familles de mendiants…»
Anne-Catherine Reymond était allée plusieurs fois à Rome et a été séduite par l’ouverture spirituelle de la communauté. Même si Sant’Egidio est principalement catholique – Anne-Catherine est protestante – l’essentiel pour elle a été la recherche de la foi que la communauté propose à travers la prière et le service aux pauvres. L’importance accordée à ces deux aspects a été décisive pour l’amener à fonder une communauté à Lausanne en 1990. «S’arrêter dans la rue auprès de ceux que tout le monde évite et tenter le geste d’amitié en réponse à la solitude dont souffrent les sans-abri: cela nous tient à cœur».
Le programme «Droit à l’école, droit à un avenir» a permis à 9 enfants Roms d’aller à l’école en 2017. Le Bureau lausannois pour les immigrés (BLI) a fait, en 2016, un don unique de 4’000 francs pour soutenir ce programme. Le cours hebdomadaire de français ouvre des fenêtres d’émancipation pour de nombreuses femmes migrantes. Les visites aux familles et aux autres migrants résidants du Centre EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants) de Vennes sont toujours attendues et enrichissantes. Une prière est ouverte à chacun tous les samedis soir à 19h15 au Cénacle de Notre-Dame (le 2e samedi du mois : prière pour les malades et le 4e samedi du mois: prière pour la paix). (cath.ch/be)
| © Jacques Berset
Jacques Berset
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