Lutter contre l’islam politique. L’objectif est clair et assumé par le chancelier Sebastian Kurz, qui dirige depuis décembre dernier un gouvernement d’extrême droite. D’un ton calme, le jeune conservateur annonce que l’Autriche veut fermer sept mosquées dont quatre à Vienne, deux en Haute-Autriche et une en Carinthie. Il souhaite également expulser plusieurs imams, ainsi que leurs familles. Cela concernerait 150 personnes dont 60 imams, selon le ministre de l’Intérieur, Herbert Kickl.
La plupart de ces personnes sont membres d’Atib, l’Union islamique turque d’Autriche. Une organisation controversée, épinglée récemment pour une scène qui s’est déroulée dans l’une des principales mosquées qu’elle gère à Vienne. L’hebdomadaire autrichien Falter a publié plusieurs photos qui montrent des enfants, en tenue de soldat, rejouer la bataille de Gallipoli, bataille emblématique de l’histoire ottomane. C’est d’ailleurs sur cet exemple que Sebastian Kurz s’est appuyé pour justifier la nécessité, selon lui, de lutter contre l’islam politique.
Ces mesures entraînent le monde vers une «guerre entre les Croisés et le Croissant», met en garde le président Recep Tayyip Erdogan. «Ils disent qu’ils vont bouter hors d’Autriche nos hommes de religion. Croyez-vous que nous ne réagirons pas si vous faites une telle chose? Cela signifie que nous allons devoir faire quelque chose», a prévenu le président turc lors d’un discours prononcé dans la soirée du 9 juin à Istanbul.
La veille, le porte-parole du président avait déjà dénoncé les expulsions décidées par l’Autriche comme une mesure résultant, selon lui, de «la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire» dans ce pays.
La réaction est plus mesurée du côté d’Atib. Son porte-parole, Yasar Ersoy, a reconnu, sur la radio publique autrichienne Ö1, que plusieurs de ses imams étaient financés par la Turquie. Cela va donc à l’encontre de la loi adoptée en 2015 par l’Autriche, qui interdit tout financement des imams par des fonds étrangers. Mais selon l’organisation, ce n’est pas par choix mais plutôt par manque de formation adéquate pour les imams en Autriche.
Environ 360’000 personnes d’origine turque vivent en Autriche, dont 117’000 ont la nationalité turque. Les relations entre Ankara et Vienne sont particulièrement tendues depuis la tentative de putsch contre M. Erdogan en juillet 2016 qui a été suivie d’une répression de grande ampleur.
Les propos du président turc surviennent par ailleurs avant les élections anticipées cruciales du 24 juin. Le gouvernement autrichien a explicitement interdit aux responsables turcs d’organiser des meetings en Autriche en vue de ce double scrutin présidentiel et législatif. (cath.ch/ag/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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