Belfaux: l'éducation à l'heure d'internet au menu du Festival des Familles

Sous un soleil radieux, plus de 500 personnes, parents, enfants, amis, se sont retrouvés dimanche 10 juin 2018  à la paroisse Saint-Etienne de Belfaux, pour la 5e édition du Festival des familles 2018. L’un des points forts de la rencontre, placée sous le slogan «Grandir dans la confiance», était la réflexion sur l’éducation à l’heure d’internet.

Et pour en parler, qui de mieux que le Père Jean-Marie Petitclerc, religieux salésien, depuis quatre décennies éducateur spécialisé auprès des jeunes en difficultés. L’ancien polytechnicien, qui voulait – dans une autre vie – entrer dans la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) préparant à la haute fonction publique française, a notamment développé sa réflexion dans l’ouvrage Eduquer @ l’heure d’Internet. Son souci: le travail de prévention, qu’il a développé dans les «banlieues chaudes», à Argenteuil, Vaulx-en-Velin (dans la métropole de Lyon), à Nice et à Lille, notamment avec l’association Valdocco.

Accent mis sur la dimension éducative

La libraire St-Augustin présentait d’ailleurs les nombreux ouvrages du Père Petitclerc, qui les dédicaçait dans les couloirs du Centre paroissial de Belfaux. Le Festival voulant mettre cette année l’accent sur la dimension éducative, l’orateur du jour était tout trouvé.

«On vit une période de rapide mutation marquée par la révolution numérique, qui est une véritable révolution culturelle, avec des nouveaux rapports à l’espace et au temps. C’est une révolution plus importante encore que l’arrivée de l’imprimerie. C’est un fait, internet et les réseaux sociaux font désormais partie de notre vie. Impossible de diaboliser cet outil qui a révolutionné nos relations avec les autres et avec le monde entier», confie à cath.ch le religieux originaire de Normandie, vicaire du provincial salésien pour la France, la Belgique du Sud, la Suisse romande (où il n’y a plus de communautés) et le Maroc.

Un indéniable outil de progrès

Avant de développer une critique nuancée de cette évolution inéluctable, Jean-Marie Petitclerc souhaite que l’Eglise s’émerveille face à cet outil de progrès, instrument de savoir dispensé à tous, abolissant les distances et les frontières.

«Mais notre émerveillement ne doit pas être naïf. Les frontières sont structurantes pour le développement d’un adolescent. Il y a d’abord la frontière entre le superficiel et l’essentiel, alors qu’internet et les réseaux sociaux mettent tout sur le même niveau, sans hiérarchie. Nos ados sont submergés d’informations. Les adultes doivent les aider à structurer cette masse d’infos. Le savoir n’est pas une somme de connaissances, mais une organisation de ces connaissances. Internet fournit des connaissances, pas un savoir!»

Développer l’esprit critique

Pour l’éducateur au contact des jeunes, «une majorité peut se tromper, et sous cet aspect, les réseaux sociaux peuvent être redoutables». La deuxième frontière, souligne-t-il, est celle entre le virtuel et le réel. Les films et les jeux vidéo sont arrivés à un tel niveau technique qu’il devient difficile de distinguer la fiction de la réalité. «Dans le virtuel, il n’y a pas de souffrance, on est déconnecté du réel…»

Ainsi des adolescents peuvent, sans réfléchir aux conséquences, chercher à imiter ce qu’ils ont vu sur leur écran: des actes de violence, la pornographie, qui n’a rien à avoir avec le vrai amour, mais qui dicte des comportements qui semblent relever de la normalité. La troisième frontière évoquée par l’éducateur: celle qui sépare le privé du public. «On montre des photos des copines dénudées sur des portables, avec les conséquences que l’on sait pour elles… Il est nécessaire que les parents donnent des repères éducatifs à leurs enfants, d’où l’importance de dialoguer avec eux».

Eduquer à la fraternité

Trop d’enfants sont laissés seuls, sans repères. Il ne faut pas interdire, mais éduquer, mettre un cadre d’utilisation de ces nouvelles technologies. Par exemple: on ferme le portable pendant les repas, on l’éteint avant d’aller dormir!» Et surtout, souligne l’éducateur, il y a une règle d’or: «ne fais pas à l’autre ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse». Jean-Marie Petitclerc le dit d’emblée: il s’agit d’éduquer à la fraternité.

«J’entends très souvent cette phrase: ‘être frère avec les gens de ma résidence, bien sûr. Mais être frère avec les jeunes qui habitent ces cités de l’autre côté du périphérique, très peu pour moi!’ Or la fraternité est la clé des trois valeurs républicaines – liberté, égalité, fraternité. Car la liberté, hors du cadre de la fraternité, peut virer à la volonté de toute-puissance, et l’égalité, à l’instauration d’une idéologie égalitaire. Pour le chrétien, croire en un Dieu Père signifie considérer l’autre comme un frère!»

Journée de ressourcement et de fête pour les familles

La paroisse Saint-Etienne de Belfaux accueillait la cinquième édition du Festival des familles, organisé par Bertrand Georges, diacre permanent, et son épouse Françoise. Tous deux œuvrent à la Pastorale familiale de l’Eglise catholique dans le canton de Fribourg.

«Dès le début, nous avons travaillé ensemble pour organiser cette journée de ressourcement et de fête pour les familles, en nous inspirant du Festival des familles de Sion et de notre expérience au sein du Verbe de Vie», confie Bertrand Georges. Les organisateurs ont invité 18 mouvements, communautés et associations qui œuvrent dans le domaine de la famille, comme par exemple les Equipes Notre-Dame, la Prière des mères, L’espoir de Yana, Vivre et aimer, les Sessions CANA, SOS futures maman, le Madep, la Communauté de l’Emmanuel, Choisir la vie, Solitude Myriam, Prolife, ou encore Jôli (Joël Bussy), auteur de BD chrétienne venant de Cossonay et actif dans l’association Cabes (Contacts Amitié Bible entre Etrangers et Suisses).

En matinée, le vaste édifice de style néo-classique de l’église de Belfaux a accueilli les participants. L’abbé Jean Glasson, vicaire épiscopal pour le canton de Fribourg, qui présidait la messe, a rappelé que «la mission de la famille chrétienne était d’être un ferment dans la pâte du monde».

A voir la joie de se rencontrer manifestée par la foule réunie au Centre paroissial de Belfaux, Bertrand Georges n’a aucune peine à expliquer que de telles rencontres sont un vrai ressourcement pour les couples et les familles. (cath/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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