En 1976, la présidente argentine Isabel Perón est renversée par un coup d’Etat militaire. Durant les sept années que durera la dictature, des dizaines de milliers de personnes sont tuées, victimes de la répression et de la ‘guerre sale’. Après le coup d’Etat, certains prêtres et évêques reçoivent des menaces de mort, notamment en raison de leur engagement en faveur des plus pauvres, dans un contexte de très fortes disparités sociales.
Le 18 juillet 1976, les Pères Carlos de Dios Murias, un prêtre franciscain argentin, et Gabriel Longueville, prêtre français envoyé en Fidei Donum, sont tout d’abord séquestrés avant d’être conduits sur une base aérienne. Ils y sont interrogés, torturés et enfin tués. Leurs cadavres criblés de balle seront découverts deux jours plus tard.
Le 4 aout 1976, Mgr Enrique Angelelli, évêque de La Rioja, de retour d’une messe célébrée en hommage aux deux prêtres, est victime d’un accident de la route. Son corps présente cependant des lésions montrant qu’il a été frappé après le carambolage. Si l’événement est d’abord qualifié «d’accident de la circulation», il est reconnu comme meurtre en 2014 avec une condamnation à la prison à vie du responsable. Avant sa mort, Mgr Angelelli avait lui aussi reçu des menaces de mort en raison de son activité en faveur des plus pauvres.
La dernière victime de la dictature argentine reconnue comme martyr est Wenceslas Pedernera. Dans les années 1970, ce laïc, père de famille, s’est installé parmi les travailleurs pauvres des campagnes argentines. Avec les adhérents d’une coopérative agricole, ils forment une communauté de vie, marquée par le travail et la prière ensemble. Le 25 juillet 1976, des hommes masqués lui tirent dessus. Il meurt quelques heures plus tard à l’hôpital.
En reconnaissant le martyre de ces quatre victimes de la junte argentine, le Saint-Siège affirme qu’ils sont morts «en haine de la foi». Une déclaration importante car la dictature militaire se revendiquait de la défense du christianisme. Le martyre suffit à la béatification, la reconnaissance d’un miracle ne sera donc pas nécessaire. (cath.ch/imedia/xln/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse