Après des élections générales de mars dernier, l’Italie est restée 88 jours sans gouvernement, aucun parti ne disposant de la majorité nécessaire. Finalement, un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue – deux partis populistes – a été nommé le 31 mai avant d’obtenir la confiance du Parlement le 5 juin.
Tout en souhaitant ses meilleurs vœux au nouveau gouvernement, le cardinal Bassetti l’a appelé à garder le «sens de la responsabilité». Le pays, a-t-il soutenu, a besoin d’un demi-tour pour reconstituer le tissu social. Chacun doit donc y œuvrer sans esprit de parti, avec charité et responsabilité, sans souffler sur le feu. «L’Italie ne doit pas perdre son humanité ou se laisser bouleverser par des haines ou des racismes, a-t-il insisté.
Face à ce climat, les évêques italiens doivent œuvrer à «unir l’Italie», a considéré le président de leur conférence épiscopale. «Il ne faut pas avoir peur de la politique et en être absents». Toutefois, a-t-il prévenu, prendre position pour un camp politique ou un autre n’est pas le «devoir des pasteurs». Plus largement, les catholiques doivent investir le champ politique comme «experts en humanité», pour éclairer sans chercher à dominer.
L’Italie, a reconnu le cardinal, a connu des moments de sérieuses préoccupations, avec des tensions venues des entrailles profondes du pays. Cela s’est en particulier manifesté par une colère sociale contre le président de la République, Sergio Mattarella, en dépit de son «action sage et mesurée». Celui-ci avait d’abord refusé le gouvernement proposé par les deux partis en raison de l’euroscepticisme du candidat au ministère de l’Economie. Selon lui, cela n’était pas compatible avec les engagements de l’Italie au sein de la zone euro.
Le 24 mai dernier, à l’issu d’une réunion de quatre jours des évêques italiens au Vatican, le cardinal Bassetti avait affirmé que l’Eglise garderait sa vigilance de «conscience critique», comme elle le fait pour tous. La grille d’analyse sera la doctrine sociale de l’Eglise, avec des «points indispensables» que sont la famille, la dignité de la personne humaine, du migrant, mais aussi le juste salaire et l’impôt progressif.
Déjà en juillet dernier, Andrea Riccardi – fondateur de Sant’Egidio – estimait que «les temps [étaient] loin» où le cardinal Camillo Ruini, ancien chef de l’épiscopat italien, avait sur sa table la «cartographie» des parlementaires, et suivait leurs votes sur les lois chaudes pour la CEI. Pour lui, le pape François a inauguré un nouveau stade des rapports entre l’Eglise et la politique italienne, «convaincu que l’Eglise n’est pas un parti politique». Tout en invitant les catholiques à s’engager dans la vie publique. (cath.ch/imedia/xln/bh)
Bernard Hallet
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