A presque 90 ans – il les aura le 9 juin – le cardinal Elio Sgreccia, résume à lui seul une «bonne part» de l’histoire de la bioéthique en Italie, affirme le quotidien des évêques italiens.
Dans les années 70, il est observateur temporaire du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe, chargé de l’éthique médicale – Louise Brown, premier bébé-éprouvette, vient de naître en 1978. Le prélat est alors missionné par la faculté de médecine au sein de l’université catholique de Rome de créer un cours de bioéthique. Sans aucun financement.
Le «miracle de Padre Pio», raconte-t-il, est alors que l’hôpital créé par le saint capucin (1887-1968) à San Giovanni Rotondo, la Casa Sollievo della Sofferenza, accepte de financer «la première chaire européenne» de bioéthique.
Nourri par le personnalisme de Jacques Maritain, Emmanuel Mounier et Etienne Gilson, le cardinal Sgreccia estime cependant que la bioéthique doit aujourd’hui retrouver «son fondement métaphysique». Ce qui revient à considérer que la personne humaine possède une existence propre, reçue lors de sa conception, et qui lui permet ensuite de se développer de manière autonome. «L’évolution suppose la création», résume-t-il.
L’inviolabilité de la personne depuis le début est ainsi un ancrage indispensable à toute réflexion bioéthique. C’est aussi «un fait scientifique et rationnel», poursuit-il, valable pour les incroyants.
Dans un monde pluraliste, le haut prélat regrette cependant que les catholiques «tentent d’atténuer leurs positions», par peur d’effrayer. C’est pour lui une «erreur morale»: il faut au contraire les présenter dans leur «vision intégrale».
Secrétaire du Conseil pontifical pour la famille en 1992, le cardinal Sgreccia a été vice-président puis président de l’Académie pontificale pour la vie, de 1994 à 2008. Il a été créé cardinal par Benoît XVI en 2010. Il est aussi l’auteur du Manuel de bioéthique, paru en 2007. (cath.ch/imedia/ap/gr)
Grégory Roth
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