Le prélat va être enterré sur le terrain de l’Université catholique Redemptoris Mater (UNICA), propriété de la famille de Roberto Rivas, amie du cardinal et du président Daniel Ortega.
Le gouvernement du Nicaragua a décrété trois jours de deuil officiel pour rendre hommage au cardinal, qui a joué un rôle politique notable sous la dictature de Somoza, durant la Révolution sandiniste, la guerre menée contre le Nicaragua par les anciens somozistes et les contras financés et armés par les Etats-Unis dans les années 1980. Il fut un acteur important dans les accords de paix et la démobilisation des forces armées qui ont mis un terme à ces affrontements sanglants, jusqu’à la démission qui lui a été signifiée en 2005, alors qu’il était âgé de 79 ans.
Les députés de l’assemblée nationale nicaraguayenne ont adopté, en mars 2016, par 65 voix pour et une voix contre, la loi déclarant le cardinal Obando «Protecteur national de la paix et de la réconciliation» pour son rôle dans la pacification du pays.
Après avoir été longtemps un ennemi déclaré de Daniel Ortega, n’hésitant pas à utiliser contre lui dans un sermon à la cathédrale «la parabole de la vipère" deux jours avant les élections générales de 1996, qui vit la victoire du candidat de l’Alliance libérale, Arnoldo Alemán, le cardinal allait ensuite devenir un des principaux alliés de l’ancien commandant sandiniste revenu au pouvoir en 2006. Mais entretemps, Daniel Ortega s’était allié à son ancien rival Arnoldo Alemán. Le cardinal a béni le 3 septembre 2005 le mariage religieux de l’ancien guérillero sandiniste – qui s’était reconverti au catholicisme – avec sa compagne de toute sa vie et mère de sept de ses enfants, Rosario Murillo, devenue vice-présidente du Nicaragua.
Le pape François a adressé un message au cardinal Leopoldo José Brenes Solórzano, archevêque de Managua et successeur du cardinal Obando Bravo. Le religieux salésien avait été archevêque de la capitale nicaraguayenne de 1970 à 2005. Le pontife a demandé de transmettre ses condoléances aux membres de la Société de Don Bosco, aux proches du prélat défunt et aux fidèles de l’archidiocèse de Managua. A l’issue de la prière de l’Angélus, dimanche 3 juin, le pape s’est exprimé sur la situation dramatique du Nicaragua, dans un contexte difficile pour les relations entre l’Eglise et l’Etat. La Conférence épiscopale tente depuis des mois une médiation délicate entre le gouvernement et la société civile, pour tenter une sortie de crise.
Né le 2 février 1926 dans la commune de La Libertad, Miguel Obando Bravo avait été scolarisé dans une collège salésien, congrégation qu’il rejoindra et pour laquelle il sera ordonné prêtre en 1958, après des études de théologie puis de psychologie des vocations au Guatemala, en Colombie, au Venezuela et à Rome. Après son ordination sacerdotale, il fut professeur de mathématiques et de physique au Salvador, puis recteur de séminaire, avant d’occuper différentes responsabilités au sein de la congrégation salésienne. En 1968, il est nommé par Paul VI évêque auxiliaire de Matagalpa, au Nicaragua, puis devient dès 1970 archevêque de Managua, la capitale.
Nommé très jeune, à seulement 44 ans, il y effectuera un très long épiscopat de 35 ans. Il ne se retirera que le 1er avril 2005, quelques heures avant le décès de Jean Paul II, qui l’avait créé cardinal en 1985. Il fut l’un des cardinaux électeurs lors du conclave de 2005 qui a mené à l’élection de Benoît XVI, mais n’avait pas participé à celui de 2013, ayant largement dépassé la limite d’âge de 80 ans. Président de la Conférence épiscopale nicaraguayenne (CEN) à six reprises entre 1971 et 2005, il a également occupé des responsabilités au niveau continental, notamment en tant que président du département des religieux au sein du CELAM, le Conseil épiscopal latino-américain, de 1981 à 1985.
Dans son message de condoléances, le pape François déclare qu’en faisant mémoire «de ce pasteur dévoué qui, durant ses années avec une fidélité généreuse, a mis sa vie au service de Dieu et de l’Eglise, j’offre des suffrages pour le repos éternel de son âme, pour que le Seigneur Jésus lui octroie la couronne de gloire qui ne se fane pas, et j’adresse à tous ma bénédiction apostolique». (cath.ch/com/vaticannews/be)
Jacques Berset
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