Fondé en 1948 à Amsterdam, le COE est issu de deux mouvements œcuméniques du début du XXe siècle : Foi et Constitution (Faith and Order), qui avait pour vocation de traiter les questions doctrinales divisant les Eglises, et Christianisme pratique (Life and Work), qui œuvrait à valoriser la collaboration dans le domaine de l’action sociale. Ces deux mouvements rejoignirent l’appel lancé en 1920 par le Patriarcat Œcuménique de Constantinople pour la création d’une «Société des Eglises» similaire à la Société des Nations. En 1937-1938, des responsables représentant plus de 100 Eglises se prononcèrent en faveur de la création d’un Conseil œcuménique des Eglises, mais sa réalisation fut ajournée du fait de la Deuxième Guerre mondiale.
En 1948, lors de son Assemblée fondatrice, le COE comptait 147 Eglises membres. Actuellement, elles sont 348, représentant plus de 500 millions de chrétiens à travers le monde. A l’origine, le COE accueillait des Eglises issues de la Réforme protestante, luthériennes, réformées, anglicanes, baptistes et méthodistes. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) en est notamment membre. Essentiellement protestante et occidentale à ses débuts, l’organisation a vu son profil et son identité évoluer au cours des années 1960, avec l’entrée de nombreuses Eglises orthodoxes de l’Est et de nouvelles Eglises autonomes des anciennes régions coloniales du Sud. L’organisation est aujourd’hui composée majoritairement d’Eglises orthodoxes.
Après le conflit mondial, le COE encouragea le ministère des Eglises en faveur du développement et poursuivit ses activités auprès des réfugiés, des migrants et des pauvres. Durant la Guerre froide, le COE servit de lieu de rencontre pour le dialogue entre l’Est et l’Ouest, indique le site internet de l’organisation. Ses positions, plutôt du côté des pays non-alignés, et l’engagement de son secrétaire général, le Dominiquais Philipp Potter, lui valurent pas mal de critiques en Occident. Certains jugeaient son action trop favorable au communisme. Son Programme de lutte contre le racisme, lancé en 1969, suscita des controverses, mais contribua à mettre fin à l’apartheid en Afrique australe, assure le COE sur son site.
L’union d’Eglises tient une Assemblée générale tous les huit ans. La première eut lieu à Amsterdam en 1948 et la dixième s’est déroulée à Busan (Corée du Sud) en 2013.
Le but du COE est avant tout d’approfondir la collaboration entre ses membres et de parvenir à l’unité visible de l’Eglise. Il le fait en offrant un espace où les diverses Eglises peuvent témoigner de cette unité. «L’identité du COE est de vivre en communion. Ses membres recherchent donc sans cesse le consensus», explique le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général de l’organisation depuis 2009.
Le COE s’engage dans trois domaines d’action impliquant une grande variété d’activités: Le premier, «unité, mission et relations œcuméniques», encourage la solidarité et le respect de la dignité des gens. Le deuxième, «témoignage public et diaconie», se donne pour but de consolider la paix dans des pays et régions instables. Le troisième, «formation œcuménique», forme les personnes impliquées dans le mouvement.
Avant le Concile Vatican II (1962-1965), l’Eglise catholique ne voit l’unité des chrétiens que sous l’angle de la réintégration Elle n’est en conséquence pas favorable à la création du COE et n’y adhère pas.
Mais les relations s’améliorent considérablement suite au Concile. La première réunion du Groupe mixte de travail de l’Eglise catholique romaine et du COE a ainsi lieu en 1966. En 1982, le document intitulé «Baptême, eucharistie, ministère» constitue un jalon notable. Il permet de parvenir à un certain consensus entre les Eglises dans leur recherche de l’unité pleine et entière. Cette attitude d’ouverture s’est concrétisée avec les visites des papes Paul VI et Jean Paul II à Genève, en 1969 et 1984.
Si les relations entre Rome et l’union d’Eglises ont été longtemps peu cordiales, «il y a eu une vraie détente ces dernières décennies», confirme Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). «A l’origine de sa non-adhésion, il y a le fait qu’elle (ndlr. L’Eglise catholique romaine) n’a pas l’impression qu’une unité a été perdue. Alors nous ne nous engageons pas pleinement dans cette volonté du COE de la rétablir, même si nous la regardons avec bienveillance», souligne le prélat fribourgeois.
Aujourd’hui, l’Eglise catholique romaine et la coalition d’Eglises collaborent étroitement. Cette première bénéficie au sein du Conseil d’un statut d’observatrice. La semaine universelle de prières pour l’unité des chrétiens est préparée chaque année en commun. La commission Foi et Constitution du COE compte comme membres à part entière des théologiens catholiques. L’Eglise romaine est en outre représentée dans presque toutes les activités programmées par l’organisation basée à Genève.
«Le COE n’a pas pour but de devenir une énorme Eglise», a relevé Olav Fykse Tveit lors d’une conférence de presse sur la visite du pape, le 15 mai 2018. Le pasteur luthérien norvégien a souligné qu’il existait d’autres voies vers la communion que l’adhésion au sein d’une même organisation. Il a aussi mis en avant le déséquilibre que pourrait provoquer au sein du COE l’intégration d’une Eglise forte d’1,2 milliard de fidèles. (cath.ch/relais/mo/rz)
Le COE a établi, dès sa fondation en 1948, son siège central à Genève. Il s’installe dans un premier temps à Malagnou, puis prend ses quartiers dans le nouveau Centre œcuménique, au Grand-Saconnex, en 1964. Un bâtiment qui abrite encore aujourd’hui les plus de 200 collaborateurs du COE. La Fédération luthérienne mondiale (FLM), la Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants (FUACE), l’Alliance ACT et la Fondation oecuménique de crédit (ECLOF) sont également installées dans le complexe. RZ
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-conseil-oecumenique-des-eglises-coe-cest-quoi/