Klaus Kenneth vit une enfance sans amour. Il naît en mai 1945 dans l’actuelle Tchéquie, pendant l’occupation nazie. Son père est chef d’orchestre, sa mère est chanteuse d’opéra et il a deux frères aînés. «Ma vie a commencé par la destruction et la haine», se souvient l’Allemand. Son père abandonne sa famille alors qu’il est tout jeune. Sa mère, qui perd tout à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le bat régulièrement jusqu’au sang. Dans sa détresse, elle abandonne Klaus à 14 ans au sein d’une institution catholique allemande. Le prêtre qui l’héberge le violera pratiquement tous les soirs durant sept ans, témoigne-t-il.
Son talent musical lui permettra de devenir disc-jockey en soirée, puis chanteur-guitariste et batteur dans un groupe de rock. Avec «The Shouters», il pouvait crier et extérioriser la haine qu’il avait en lui. Haine du monde, de l’Eglise, des lois, de lui-même. Klaus, qui avait été sans cesse rejeté et exclu, connaît enfin le succès. En quête d’amour et de reconnaissance, il multiplie les expériences de sexe, drogue et rock-n-roll. Mais toutes ces aventures ne suppriment pas la solitude qu’il éprouve, si bien qu’il tente même de se donner la mort.
A partir de mai 68, Klaus participait aux révoltes estudiantines à l’Université de Tübingen, et plus tard à celle de Hambourg. «On avait brûlé des pneus et empêché les profs d’entrer en classe, raconte-t-il. Avec le slogan ‘détruis tout ce qui te détruit’, on voulait s’opposer aux lois qui ne sont là que pour punir tout le temps». Aujourd’hui, l’ex-hippie a des propos très critiques face au mouvement flower-power de l’époque. «En détrônant Dieu, ils ont fait bien plus de morts que les Guerres Mondiales réunies. Ils ne tuaient pas les corps, mais les âmes!»
En quête de vérité, Klaus va s’intéresser aux religions, une après l’autre, ainsi qu’à l’occultisme, l’ésotérisme, les drogues, le channeling (terme américain de la littérature New Age qui désigne un procédé de communication entre un être humain et une entité appartenant à une autre dimension, ndlr) qu’il pratiquera comme médium, etc.
«Si la réincarnation est vraiment une seconde chance, qui aurait voulu se réincarner en Staline ou Hitler?»
Bannissant d’office le christianisme, qui l’a trop fait souffrir, il va sillonner le monde pendant plus de douze ans. «L’islam ne m’a pas convaincu: personne ne parle d’amour dans le Coran. Et il n’y a pas de Père». Il poursuit sa quête en Inde, où il étudie pendant cinq ans la Bhagavad-Gita. «Dans l’hindouisme, la volonté de ‘détruire les pécheurs’ me posait problème. Et la réincarnation n’a pas de sens pour moi. Si elle est comme une seconde chance, qui aurait voulu se réincarner en Staline ou Hitler?»
Il continue par le Tibet et la Thaïlande pour découvrir le bouddhisme, trois années durant. «Quand j’ai atteint le nirvana, il m’est apparu comme un vide, où il y avait des démons. Comme je n’avais pas encore le Christ, j’ai paniqué et j’ai dû partir», évoque-t-il. Lors de sa première rencontre avec Mère Teresa de Calcutta, la religieuse lui a fait comprendre que la vérité qu’il cherchait n’était pas un objet, mais quelqu’un. Ce n’est qu’en 1981, lors d’une prise d’otage par les FARC en Colombie, où il évitera de justesse l’exécution, qu’il ne doute plus de l’existence de Dieu.
Il faudra encore quelques années à Klaus Kenneth pour faire, dit-il, «une vraie rencontre avec Jésus». Cela nécessitera entre autres un exorcisme de la part du pasteur protestant Maurice Ray. Puis des rencontres régulières avec son amie d’enfance Ursula, et le Père Sophrony, basé en Angleterre, qui vont l’amener à son baptême orthodoxe en 1986 à Chambésy (GE). C’est dans cette confession que Klaus découvre l’humilité, un remède nécessaire après tant d’années où il cherchait à plaire et briller devant les autres.
«On peut s’en sortir, grâce à Dieu!»
«J’ai parcouru des millions de kilomètre pour trouver l’Amour, alors que le plus difficile a été les trente centimètres qui séparent ma tête de mon cœur», s’émerveille-t-il. «Lorsque j’ai pris conscience de cet ‘Amour incarné’, je suis allé trouver mon père, ma mère et mon prêtre pédophile, et je leur ai tout pardonné». Depuis, il n’a plus jamais eu peur. «Mon travail aujourd’hui, c’est de dire: Allez à l’église! Non pas pour juger les prêtres, mais pour rencontrer Dieu. Car il y est vraiment!» Son témoignage est très simple: «On peut s’en sortir, grâce à Dieu!», clame celui qui a vu 25 fois la mort de très près.
Klaus Kenneth prend sa retraite en 2005, après avoir enseigné une vingtaine d’années comme professeur de langues à Fribourg et en Gruyère. Actuellement, il vit en région fribourgeoise avec sa femme Nikica. Il voyage régulièrement dans toute l’Europe afin de donner des conférences sur son expérience de vie hors du commun. (cath.ch/gr)
Biographie complète:
Klaus KENNETH, Deux millions de kilomètres vers la liberté. Un incroyable parcours vers la foi, éd. du Parvis, 2009.
https://youtu.be/pVUSNUB6iLs
Grégory Roth
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/klaus-kenneth-un-hippie-sur-le-chemin-de-lamour/