Dressant une comparaison avec les attaques de Luther contre l’eucharistie, il y a 500 ans, Mgr Chaput explique que la question de savoir qui peut communier «ne concerne pas que l’Allemagne». Car selon Vatican II, poursuit-il, l’eucharistie est la «source et le sommet» de la vie chrétienne, ainsi que «le sceau de notre unité catholique».
Dès lors, les réponses au débat qui divise l’épiscopat allemand a «des implications pour l’Église toute entière». En février dernier, les évêques allemands ont approuvé aux trois-quarts un texte visant à favoriser la communion pour les protestants mariés à un catholique. Mais sept évêques – dont le cardinal Rainer Wœlki, archevêque de Cologne – s’y sont opposés, en appelant au Saint-Siège pour clarifier la question.
«On ne peut construire l’unité sur la dissimulation des différences»
«Beaucoup de choses nous unissent aux protestants, ajoute l’archevêque de Philadelphie, et notre séparation est une blessure». Mais cette dernière est une réalité: «on ne peut construire l’unité sur un processus qui dissimule systématiquement la vérité de nos différences».
En changeant les conditions de la communion eucharistique, «ne redéfinit-on pas aussi ce qu’est l’Eglise?», interroge-t-il. Il s’agit donc selon lui d’une «première étape» pour ouvrir la communion à tous les protestants ou à tous les baptisés. Et donc, en pratique, d’une «protestantisation de la théologie catholique des sacrements».
La communion suppose en effet une foi commune en la présence réelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie, ainsi que dans les sept sacrements reconnus par la tradition de l’Eglise catholique, rappelle Mgr Chaput.
Convoqués au Vatican, le 3 mai dernier, les évêques allemands se sont vus demander par Mgr Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, d’aboutir à un «résultat si possible unanime» sur l’intercommunion. Dans une tribune, le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, au Pays-Bas, avait estimé «complètement incompréhensible» cette réponse du Vatican.
Dans le projet de la Conférence épiscopale allemande, l’intercommunion serait permise dans certain cas. Notamment après un examen de conscience avec un prêtre ou un responsable pastoral, avoir affirmé la foi de l’Eglise catholique, vouloir mettre fin à une «détresse spirituelle sérieuse», et avoir le désir de l’eucharistie.
Au cours de son voyage en Suisse, le 21 juin prochain, le pape se rendra notamment au siège du Conseil œcuménique des Eglises (COE) pour le 70e anniversaire de cette institution. (cath.ch/imedia/ap/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse