Kadyrov a déclaré que les récentes affirmations sur l’implication du groupe terroriste dans une attaque contre l’église de Grozny avaient pour but de détourner les soupçons des véritables instigateurs de ce crime.
Le Conseil interreligieux de Russie (CIR) a de son côté dénoncé l’attentat terroriste visant l’église Saint-Michel-Archange, qui a causé le 19 mai 2018 la mort de deux policiers et d’un paroissien, et fait trois blessés. Le CIR, qui regroupe depuis 1998 les leaders des quatre grandes confessions du pays (orthodoxie, islam, judaïsme et bouddhisme), a dénoncé la volonté de certains «d’attenter à la paix interreligieuse dans notre pays, à l’aide d’actes terroristes».
Les chefs et représentants des religions traditionnelles de Russie rappellent que pendant l’office vespéral du 19 mai, des terroristes se sont introduits dans l’église Saint-Michel-Archange, s’attaquant aux paroissiens. Cette église a déjà fait l’objet d’actes de vandalisme de la part des terroristes, et avait été détruite dans les années 1990, note le CIR.
«En 1996, son recteur, le Père Anatoli Tchistooussov, avait été enlevé, puis exécuté par des bandits. Beaucoup de paroissiens ont été victimes de violence dans les années 1990. Aujourd’hui, les terroristes s’attaquent une fois encore à cette église déjà tant de fois éprouvée».
Les leaders religieux soulignent «une fois de plus que l’objectif des terroristes et de ceux qui les inspirent est de déchaîner la haine interreligieuse, de détruire les traditions séculaires de coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans en Russie. Nous, leaders religieux de notre pays, appelons à faire tout ce qui est possible pour l’en empêcher».
Le CIR a demandé en mars dernier aux autorités russes de qualifier le wahhabisme, une version radicale de l’islam propagée par l’Arabie saoudite, «d’organisation extrémiste». Le Conseil des Muftis de Russie s’est opposé à l’initiative du CIR, considérant que la résolution du CIR était «clairement ambiguë sur le plan juridique» et violait le principe constitutionnel de la séparation entre l’Etat et les organisations religieuses.
Le mufti du Tatarstan Kamil Samigullin avait soutenu la proposition de bannir le wahhabisme lors d’une réunion du Conseil interreligieux de Russie à Moscou le 27 mars dernier. Le Conseil interreligieux de Russie avait approuvé l’initiative du mufti d’envoyer aux autorités à Moscou la demande d’interdiction de cette idéologie «misanthrope».
«Nous devons interdire cette idéologie étrangère, elle est misanthrope, mais la pratique d’application de la loi dans notre pays interdit des organisations spécifiques plutôt que l’idéologie. Dans notre pays, les wahhabites représentent un ensemble de cultures diverses, ils se développent et évoluent. Après une telle interdiction, leurs activités deviendraient considérablement plus difficiles et cela réduirait le flux de personnes vers le monde souterrain des terroristes», a déclaré à cette occasion le mufti Kamil Samigullin.
Le mufti de Moscou, Albir Krganov, tout comme le vice-mufti du Daghestan Ahmad Kakhaev, ont tous deux soutenu la proposition du mufti Kamil Samigullin de qualifier les organisations wahhabites d’extrémistes, alors que des dizaines de milliers d’internautes, la plupart russophones, se sont exprimés dans le sens contraire. (cath.ch/interfax/be)
Jacques Berset
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