Dans un reportage diffusé le 18 mai sur la chaîne de TV chilienne Canal 13, le Père Luis Rubio est accusé par une paroissienne nommée Elisa Fernandez de lui avoir envoyé, en septembre 2017, des photos le montrant nu. Mgr Alejandro Goic, archevêque de Rancagua, a annoncé avoir déposé une plainte contre le curé de la localité de Paredones sur la base des informations contenues dans le reportage.
Elisa Fernandez, ancienne coordinatrice de la pastorale pour la jeunesse de la paroisse, dit avoir été depuis longtemps au courant du comportement sexuel inadéquat du Père Rubio. Elle affirme que le prêtre faisait partie d’un groupe de 18 ecclésiastiques qui se surnommait «La famille», et qui affichaient des conduites inappropriées sur le plan sexuel. Depuis deux ans, la paroissienne aurait essayé de confondre les hommes d’Eglise. Elle se serait notamment faite passer, sur Facebook, pour une mineure de 16 ans. C’est ainsi qu’elle aurait reçu les photos du Père Rubio nu.
Le prêtre aurait reconnu les faits dans le reportage de Canal 13. Il a parlé d’une «faute grave» et fait part de sa «grande honte».
Elisa Fernández assure avoir transmis en 2017 les informations sur les prêtres prétendument déviants à Mgr Goic, mais affirme qu’aucune enquête n’a été lancée. L’archevêque a ainsi reconnu, dans un communiqué, «avoir agi sans la souplesse adéquate» et a demandé pardon à la jeune femme.
Le Père Rubio a choisi d’alerter lui-même ses supérieurs de son «comportement inapproprié» quelques jours avant la diffusion du reportage. Il a été suspendu provisoirement de son ministère.
Ce nouveau scandale surgit le lendemain de la démission collective des 34 évêques chiliens, le 18 mai. A l’issue de trois jours de réunion au Vatican, les prélats ont admis ainsi les erreurs commises dans le dossier des abus sexuels et laissé au pape le choix de décider du sort de chacun d’entre eux. Les évêques ont également demandé pardon aux victimes, mais aussi «au pape, au peuple de Dieu et à notre pays».
Les évêques avaient été convoqués par le pape François, à Rome, à partir du 14 mai. L’affaire du Père Karadima a certainement été au cœur des débats. Le prêtre chilien a été condamné en 2011 par le Vatican à une vie de prière et de pénitence pour des faits avérés de pédophilie. Des victimes avaient depuis longtemps dénoncé l’inaction de Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno, qui aurait eu depuis longtemps connaissance des agissements du Père Karadima, mais les aurait toujours tus.
Lors de son voyage au Chili en janvier 2018, le pape François avait pris la défense de Mgr Barros, affirmant qu’il n’y avait aucune preuve contre lui. Le pontife avait cependant envoyé, à son retour de Rome, un enquêteur sur place. Suite à ses conclusions, le pape a indiqué avoir été mal informé et s’est excusé auprès des victimes. La convocation des évêques chiliens à Rome a suivi peu après. (cath.ch/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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