Pour cette Italienne originaire de Benevento, à 50 km au nord-est de Naples, de nombreuses autres ONG mènent ce combat de façon remarquable dans les instances onusiennes. «Il n’y a pas besoin d’être chrétiens pour le faire, et nous avons tout intérêt à joindre nos forces. Mais nous apportons une ‘plus-value’ catholique à cette lutte pour le respect des droits humains et le combat contre la pauvreté et la misère, car il y a beaucoup d’éléments dans notre foi qui nous invitent à être solidaires avec les autres, en particulier avec les plus démunis». L’engagement du pape François le démontre à souhait.
«Notre travail, au CCIG, est d’être une sorte de catalyseur au service des ONG sur le terrain. Nous offrons notre compétence et notre connaissance des mécanismes du système onusien pour aider nos membres, notamment par des sessions de formation, à mieux se faire entendre dans les enceintes de l’ONU, notamment au sein du Conseil des droits de l’Homme», note la secrétaire générale. Elle cite l’exemple des sœurs salésiennes, qui font un énorme travail au niveau éducationnel auprès des enfants et des jeunes dans 94 pays de divers continents.
«Si les religieuses offrent une éducation de qualité, elles ne peuvent cependant pas pallier aux carences de l’Etat. La seule manière d’accomplir vraiment leur mission est d’avoir, par leur exemple, un impact sur les structures étatiques, car elles ne pourront jamais remplacer l’Etat. Elles doivent donc, avec d’autres acteurs de la société civile, apporter leur connaissance du terrain aux fonctionnaires onusiens et aux Etats, montrer les solutions qui marchent bien, pour les inciter à agir». Un plaidoyer sur la scène internationale peut amener à un changement au niveau institutionnel.
Dans ce cadre, le CCIG favorise le contact entre ses membres, qui sont plus d’une vingtaine, aussi divers que l’Association Points-Cœur, Caritas Internationalis, la Fondation des Apprentis d’Auteuil, Dominicans for Justice and Peace, Franciscans International, les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, les Frères de la Charité/Fracarita, Pax Romana, ou encore la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (FIACAT), cette dernière regroupant des chrétiens de toutes confessions.
«Il ne s’agit pas simplement de faire du plaidoyer à l’ONU pour faire du plaidoyer, et se mettre en avant… Il s’agit d’apporter concrètement des améliorations au plan des droits de l’Homme sur le terrain, au niveau local», explique avec conviction Maria D’Onofrio.
Et de citer l’exemple du travail effectué avec la FIACAT concernant le Togo, lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) dans le cadre de ce mécanisme unique du Conseil des Droits de l’Homme (CDH) ayant pour but d’améliorer la situation des droits humains dans chacun des 193 Etats membres des Nations Unies. Tous les pays membres de l’ONU sont examinés sous cet angle tous les cinq ans.
En octobre 2016, le Togo a ainsi été examiné, et la société civile togolaise s’est fortement mobilisée. Près d’une vingtaine de recommandations faites lors de l’EPU portaient sur des questions de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le CCIG, la FIACAT et l’ACAT Togo ont réalisé une brochure sur ces recommandations, traduite dans les langues nationales togolaises, l’éwé, le kabyé et l’ifè.
Il s’agit de donner accès aux populations, à la base, à cet instrument de défense des droits humains, notamment en permettant la diffusion de ces recommandations à la radio, dans les langues locales. La réalisation de cette publication, agrémentée de dessins illustrant la problématique de la torture et des mauvais traitements, a été rendue possible grâce au soutien financier du Canton et de la Ville de Genève.
Le CCIG offre ses services aux ONG actives sur le terrain et impliquées dans le mécanisme de l’EPU en leur fournissant un soutien logistique et des outils pratiques pour renforcer leur action dans le cadre de ce mécanisme du Conseil des Droits de l’Homme (CDH).
C’est également grâce à la mobilisation de plusieurs ONG internationales, parmi lesquelles le CCIG, Kolping International, la Commission Justice et Paix d’Allemagne, Caritas Internationalis, la Coordination internationale de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et la Commission internationale catholique pour les migrations, que la Convention n° 189 a été adoptée au sein de l’Organisation Internationale du Travail et a été ratifiée par la Suisse en novembre 2015. Grâce à l’appui de la paroisse catholique Sainte-Clotilde, à Genève, dans le quartier populaire de Plainpalais-La Jonction, le CCIG a pu contribuer à sensibiliser sur la pertinence de cette convention notamment pour les travailleuses et travailleurs domestiques à Genève, dont certains étaient réduits à des conditions de quasi-esclavage.
Pour une organisation qui ne dispose bon an mal an que d’un poste de secrétaire générale à 50 % et d’un budget de fonctionnement d’une centaine de milliers de francs (salaires, loyers, frais de bureau, etc.), ce n’est pas si mal!
Les bailleurs les plus importants du CCIG sont l’Action de Carême et la Mission Intérieure (Zoug), mais également Trocaire (Caritas Irlande), l’UNESCO Extea (le Centre UNESCO du Pays Basque ), la Commission allemande Justice et Paix et Kolping International. Les cotisations des membres individuels et collectifs, à hauteur de 50 CHF, ne sauraient évidemment pas suffire.
Le Centre récolte un peu d’argent par ses activités, pour ses cours de formation (l’UNESCO Extea, par exemple, paie les formations données par le CCIG) et en partie pour la gestion des projets, qui sont financés de l’extérieur. Le CCIG, qui peut compter de temps en temps sur un ou une consultant/e et stagiaire, souhaiterait disposer de davantage de ressources humaines, estime Maria D’Onofrio, mais ce sont les fonds qui manquent. «Nous devons développer nos recherches de fonds et pour ce faire, davantage nous faire connaître!». JB
En sa qualité de secrétaire générale du Centre Catholique International de Genève (CCIG), Maria D’Onofrio travaille avec les organisations membres (essentiellement catholiques, mais également de diverses obédiences chrétiennes) et d’autres organisations de la société civile pour la formation et le renforcement de leurs capacités. Il s’agit, dans une stratégie «bottom up», d’un processus participatif qui part des expériences de la base, du terrain, afin d’améliorer leur impact au sein du système des Nations Unies.
Forte de sa connaissance des arcanes onusiennes, Maria D’Onofrio a une riche expérience avec divers organes de l’ONU visant la promotion et la protection des droits de l’homme, spécialement en ce qui concerne l’EPU.
Outre son expérience genevoise, Maria D’Onofrio a mené des missions et des projets sur le terrain, notamment en Thaïlande, au Liban et en Amérique centrale. Titulaire d’une maîtrise en politique des relations internationales de l’Université LUMSA, à Rome, et d’une maîtrise de l’Académie de Droit International Humanitaire et de Droits Humains à Genève (ADH), Maria D’Onofrio a développé une expertise juridique et une connaissance approfondie dans les domaines du droit humanitaire et des droits humains.
Maria D’Onofrio est engagée sur plusieurs fronts. Outre son pensum à 50% au CCIG, l’autre moitié de son temps est consacré à son travail de plaidoyer à l’Institut International Marie-Auxiliatrice (IIMA, ONG des salésiennes de Don Bosco, présente dans 94 pays, où elle est active dans l’éducation des enfants et des jeunes), et au VIDES International, une association de volontariat crée par l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice, à Genève. Elle est mariée et mère d’un enfant. (cath.ch/be)
Jacques Berset
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