En cette fête de Pentecôte, voici l’Esprit comme Défenseur. De qui prend-il la défense? Du Christ Jésus en faveur de qui il rend témoignage. Mais aussi des victimes de celui que l’Apocalypse appelle l’Accusateur (Ap 12,10). Face à celui qui accuse, dénigre, culpabilise, un seul recours, le Défenseur. Et si c’est notre cœur lui-même qui nous accuse, c’est encore lui l’Esprit de vérité qui viendra à notre secours, car il est plus grand que notre cœur et il connaît tout (1 Jean 3, 20).
Esprit de vérité, il est celui qui «conduit dans la vérité tout entière». Se laisser conduire dans la vérité, comme dans un pays à parcourir, une contrée à découvrir. Les paroles de Jésus évoquent un maître qui, plutôt qu’enseigner un savoir, guide l’exploration d’une terre inconnue. Un espace cela ne se possède pas comme un objet, cela ne se maîtrise pas comme une science, cela ne se conserve pas comme un trésor. Cela s’habite et se visite. Ce n’est pas la première fois que dans l’évangile selon Jean Jésus parle de la vérité comme d’un espace. A Pilate qui l’interroge, Jésus répond: «Quiconque est de la vérité écoute ma voix.» Etre de la vérité comme on est d’une région ou d’un village. Dans l’exploration du pays de la vérité, l’Esprit est notre guide.
«Dans l’exploration du pays de la vérité, l’Esprit est notre guide.»
Il conduit «dans la vérité tout entière.» Si la vérité est un espace, la vérité tout entière ne peut être une collection de savoirs, une sorte d’encyclopédie de vérités théologiques et morales. La vérité tout entière serait plutôt un large et vaste espace, tel un panorama qui se déploie dès que l’on prend de la hauteur. Et dont on se dit qu’on n’aura jamais fini de l’explorer, qu’il y aura toujours du nouveau à découvrir, un sentier inconnu à parcourir.
Si l’Esprit peut guider notre exploration dans l’immensité de la vérité, c’est qu’il ne parle pas de lui-même: «ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même.» Ce qu’il dit vient d’ailleurs. Il n’est Esprit de vérité que parce qu’il ne parle pas «à partir» de lui-même, mais d’un au-delà de lui-même. Il dit ce qu’il entend et fait connaître ce qu’il reçoit: «l’Esprit reçoit de moi pour vous le faire connaître.» Jésus lui-même ne se positionne pas comme origine de ce que l’Esprit reçoit de lui: «Tout ce que possède le Père est à moi.» Cette vérité parce qu’elle jaillit du mystère du Dieu Père ne peut qu’être qu’illimitée. L’Esprit y conduit les disciples non pour qu’ils en fassent le tour ou qu’ils en répertorient les frontières mais pour que leur soit donné de connaître «ce qui surpasse toute connaissance», écrit Paul aux Ephésiens, «la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur».
Célébrant la Pentecôte, nous rendons grâce pour le don de l’Esprit qui nous «conduit dans la vérité tout entière» et nous sommes envoyés en rendre témoignage en faisant nous aussi connaître ce qui ne vient pas de nous mais que nous recevons d’un Autre.
Jeanne-Marie d’Ambly | Vendredi 18 mai 2018
Jean 15, 26-27 ;16, 12-15
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Quand viendra le Défenseur,
que je vous enverrai d’auprès du Père,
lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père,
il rendra témoignage en ma faveur.
Et vous aussi, vous allez rendre témoignage,
car vous êtes avec moi depuis le commencement.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »
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