Le clergé local participe à la procession. Le curé, qui porte le Saint Sacrement dans l’ostensoir est escorté de soldats montés. Le cortège est accompagné de musique jouée par des instruments à vent et des chants de chorales. Des croix et des drapeaux sont brandis durant la marche.
Comme c’est le cas lors d’une procession de la Fête-Dieu, le cortège fait halte à quelques endroits précis, le temps d’une prédication ou de la lecture d’un texte. La plupart de ces stations sont en plein air. Une seule se trouve dans l’église du village voisin de Rickenbach. Le chemin de 18 kilomètres suit plus ou moins les frontières de la commune. En début d’après-midi, la procession fait une entrée solennelle en ville aux sons des cloches. La chevauchée se termine rituellement par une bénédiction devant l’église paroissiale.
Le «Beromünsterer Umritt» était à l’origine une manifestation annuelle destinée à consacrer les frontières de la paroisse, explique le site internet www.auffahrtsumritt.ch. Elle date probablement du début du XVIe siècle. A l’époque, les paysans locaux priaient principalement pour la prospérité des récoltes et pour la bonne santé de la maisonnée. Le pèlerinage, d’abord modeste, est devenu de plus en plus festif et haut en couleur. A l’époque baroque, l’événement s’est transformé en une véritable procession. Il a pris une ampleur vraiment importante, avec beaucoup de participants à pied ou à cheval, à la fin du XVIIIe siècle.
«Au contraire de carnaval, une ‘orgie autorisée’ avant le jeûne, la procession de Beromünster a réussi à conserver son orientation religieuse», souligne ainsi Pirmin Meier dans la Luzerner Zeitung du 4 mai 2018. La manifestation, avec le transport du Saint Sacrement, les récitations de chapelet, les homélies et les bénédictions, ne doit pas être confondue avec une marche populaire moderne. Elle n’est pas non plus «une célébration de la nature», comme certains l’ont prétendu, précise le journaliste.
Les processions à travers les champs et les prairies, aux alentours de l’Ascension étaient auparavant très répandues dans les régions catholiques de Suisse. Comme les processions de la Fête-Dieu, elles ont acquis leur caractère festif à l’époque de la Contre-réforme. Mais elles furent peu à peu abandonnées. Ces traditions n’existent ainsi plus que dans le canton de Lucerne. (cath.ch/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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