Bonne pour le corps, le cœur, l’esprit. Bonne pour rendre l’être humain totalement disponible. Il n’y a pas de voie plus humaine que la voix pour exprimer à autrui ce que l’on souhaite lui dire.
La voix humaine dans son état naturel. Emise ici, reçue là, accessible aux proches ou à une grande partie de la population par la radio. Longtemps, sur Radio suisse romande La Première, deux émissions (1) ont été suivies par des milliers d’auditrices et d’auditeurs.
A l’époque, le responsable de l’une des émissions relevait avoir comme auditeurs des gens en panne d’emploi, d’affection, de santé globale; des personnes ayant des besoins psychologiques parce que coinçées dans leur existence, des personnes qui devraient pouvoir recevoir des conseils concrets en raison de problèmes conjugaux, ruptures, mésententes ou d’une communication difficile, voire qui acceptent difficilement d’être aidés. Cette émission-là offrait la possibilité de communiquer en appelant la radio. Elle jouait un rôle de prévention, créait une solidarité, laquelle nourrit celles et ceux qui écoutent puis soutiennent.
A l’époque toujours, l’autre émission, diffusée le dimanche matin avant la messe et le culte, avait un rôle d’information, de promotion de la communication, d’incitation sociale (observer, découvrir l’autre, l’environnement, la vie autour de soi), mais aussi de prévention, de contact. Un lundi et au fil de la semaine, le courrier reçu après la diffusion matinale de l’émission relative à l’angoisse fut particulièrement volumineux.
Entendre la vie
Le fait que, à l’antenne, des humains (chacun des deux producteurs radio) parlaient aux humains en humain, chacun nature, à savoir avec le ton de leur voix de tous les jours, donnait à entendre la vie. Quels échos venus du public? Ceux relatifs à la chronique «Histoires naturelles» ont été retrouvés récemment. Quelques extraits de la centaine de messages envoyés par des auditrices et auditeurs:
– Merci de l’émission, on se sent moins seul au réveil… Elle apporte une note bienfaisante et encourageante… Merci pour le baume distribué sur les ondes… Vous me faites voyager en pensée…J’aimerais une copie pour méditer votre texte et le partager avec les sœurs âgées…Je suis assistante pastorale bénévole; plus je vieillis et plus ma foi grandit, plus je rajeunis… Votre message passe comme un vent chaud… Croyez à ma joie de vous entendre…Vos textes sont importants, ils apportent la sérénité et conduisent à des valeurs autres que la consommation… Merci d’avoir parlé dimanche de ce très grand problème qu’est la communication; il existe pour moi et j’en suis malade pas seulement dans ma tête et mon cœur, mais également par les réactions de mon corps…
La voix fut longtemps quelque chose d’important; l’écoute des auditeurs était plus attentive dans les années 1966 à 1990 qu’elle ne le fut par la suite. Avec les ans, la sensibilité et l’intérêt portés au son humain a régressé. Les nouveaux moyens de communication ont-ils écarté la population du besoin, voire de la nécessité d’écouter, à tout le moins d’entendre autrui de vive voix? Il se pourrait fort.
Peut-être l’écoute de l’autre, des autres constituera-t-elle le plus naturel cadeau de Noël et des temps qui suivront. L’écoute fait partie des actes véritablement humains.
La voix? Faite pour tout être, du nouveau-né à la personne en fin de vie. Revaloriser la voix? Sûr: bon pour le corps, le cœur, l’esprit, l’âme. Bon pour l’humanité.
Différentes les unes des autres, les voix sont des nourritures, disait à ses élèves un prof d’expression verbale. On aime bien certaines, un peu seulement d’autres. Ces nourritures-là – pour l’esprit, le cœur, l’âme – aident à grandir en humanité.
Chanter Noël. En famille si possible. Chanter efface momentanément, voire durablement des blessures souvent invisibles. Le plus naturel cadeau de Noël? Se retrouver à plusieurs, unir les sons et ainsi s’élever; écarter de la sorte les petites et grandes misères.
Lire à haute voix, prêter attention au visage de chaque personne présente; recueillir ainsi le paysage intérieur d’un ou quelques êtres faisant un pas de plus en humanité? Cadeau.
PhilGo/pro info
(1) A l’époque: l’une, «La ligne de cœur», en semaine. L’autre, «Histoires naturelles: rencontrer l’humain par tous les temps de son être», le dimanche de bon matin.
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