L’activité pastorale de l’Eglise est de plus en plus mise à mal en Afrique en raison du manque de sécurité. De la Côte d’Ivoire au Nigeria en passant par le Congo Kinshasa, de plus en plus de prêtres sont assassinés, analyse le Père Donald Zagore, prêtre au Togo, pour l’agence vaticane Fides le 25 avril 2018.
Dans la soirée du 23 avril, le Père Bernardin Brou Aka Daniel un prêtre a été tué en Côte-d’Ivoire, victime d’une bande armée. Le vicaire de la paroisse du Sacré-Cœur de Koun-Abronso, dans le Diocèse d’Abengourou, n’a pas survécu à ses blessures.
Au centre du Nigeria, deux prêtres et au moins 19 personnes de la paroisse de Saint-Ignace d’Ukpor-Mbalom, ont été tués par des djihadistes à l’aube du 24 avril. L’attaque a eu lieu durant la messe quotidienne de 5h30, très fréquentée par les paroissiens.
Des hommes armés sont entrés dans l’église et ont tiré. Les Pères Joseph Gor et Félix Tyolaha qui célébraient la messe ont été tués de sang froid. Après avoir attaqué l’église, les djihadistes sont entrés dans le village. Ils ont pillé et rasé plus de 60 maisons et granges.
En Afrique, l’assassinat des prêtres est «un phénomène qui devient de plus en plus récurrent et inquiétant. Une réalité dramatique qui interpelle et invite à l’action tant au niveau de l’Eglise que des gouvernements», avertit le Père Donald Zagore. Pour le prêtre de la Société des missions africaines (SMA). «Un dialogue de fond s’impose entre responsables d’Eglise et gouvernements afin de prendre les mesures nécessaires en vue de la protection des agents pastoraux dans l’exercice de leur mission».
«Une chose est certaine, l’Eglise n’abandonnera jamais son activité missionnaire même si la vie de ses pasteurs est en jeu. Toutefois, précise le missionnaire, elle a aussi besoin de travailler dans un environnement sain et serein afin d’être plus efficace.
Selon le prêtre, il incombe aux gouvernements des pays africains de travailler ardemment à ce que la sécurité de tous citoyens, quelle que soit son appartenance politique, culturelle ou religieuse, soit une réalité. «Nous vivons dans une Afrique qui a vraiment besoin de relever le défi de la sécurité «, poursuit le Père Zagore.
La réduction des conflits armés, le désarmement de milices armées, la mise en œuvre effective de programmes d’insertion sociale d’anciens combattants et la mise sur pied d’un système éducatif et scolaire restent pour le Père Zagore, des défis de grande envergure, «pour gagner le combat de la sécurité sur notre continent».
L’Eglise d’Afrique ne doit pas rester en marge d’un tel combat, estime le prêtre. Elle doit se faire de plus en plus visible et être entendue. «Pour cela une collaboration effective avec les gouvernements de nos différents pays reste incontournable», conclut le missionnaire. (cath.ch/fides/bh)
Bernard Hallet
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