Trois rabats, mise en page élégante, aspect satiné, impression haute qualité: le carton d’invitation au repas de soutien à l’Eglise catholique dans le canton de Genève (ECR) est de belle facture. Geoffroy de Clavière, responsable du département développement et communication de l’Eglise catholique genevoise, veut y voir le reflet de la soirée de soutien qu’il organise avec un comité, chaque année.
Le repas solidaire est précédé d’un débat où politiciens, évêques et professeurs d’université viennent débattre autour d’un thème. Le tout catholique genevois se retrouve autour d’un souper fin dans un cadre prestigieux. En moyenne 200 personnes franchissent le seuil de l’Institut Florimont qui accueille l’événement depuis cinq ans. Le gymnase de l’établissement devient, le temps d’une soirée, l’une des bonnes tables du canton du bout du lac.
«En fait, les membres du comité achètent, pour 2’000 francs, une table de 10 personnes puis invitent les personnes de leur choix», détaille Geoffroy de Clavière. Les convives sont sollicités au cours de la soirée pour faire un don au profit de l’Eglise catholique. Les fonds récoltés participent au financement, entre autres, de la pastorale familiale, de la préparation au mariage ou encore de la formation continue des agents pastoraux.
Au total, la soirée rapporte environ 60’000 francs. Montant net puisque l’ECR ne paye ni les cartons d’invitation, ni la salle, ni les vins, généreusement offerts par des partenaires sensibles à la cause. Des prestations avoisinant tout de même les 35’000 francs.
La soirée de soutien est l’événement le plus visible dans le calendrier de levée de fonds de l’ECR, mais les profits qu’elle génère, certes non négligeables, ne suffisent de loin pas à faire tourner l’Eglise catholique de Genève. «Nous avons un budget annuel de 12 millions pour fonctionner. Nous devons notamment financer les salaires des 52 prêtres et 50 agents pastoraux laïcs du canton», précise Geoffroy de Clavière. Loi de 1907 oblige, l’Etat ne verse pas un centime à l’Eglise catholique: l’impôt ecclésial est volontaire.
Le responsable du développement a été engagé pour développer le secteur des grands donateurs (à partir de 5’000 francs par an pour les particuliers). Les entreprises sont aussi contactées. La plus généreuse a ainsi donné 250’000 francs. Les fondations donnent volontiers, pourvu que les fonds demandés correspondent précisément au but de l’institution et qu’ils soient dûment justifiés.
«Lorsque je suis arrivé ici, la levée de fonds était déjà structurée pour les donateurs moyens et les «mass donners» (moins de 1’000 francs). Stylo en main, Geoffroy de Clavière schématise les catégories de donateurs que l’ECR sollicite régulièrement. Il explique, avec pas mal d’anglicismes, que 10% des grands donateurs contribuent à 80% des dons,
Le travail est méthodique: basés sur des fichiers tenus à jour, les envois sont ciblés selon les catégories socio-professionnelles. «On ne s’adressera pas au même public pour des dons en faveur de la pastorale que pour l’aumônerie de prison ou la formation continue des agents pastoraux». La méthode est rodée. Visant les 120’000 foyers catholiques genevois, ce marketing direct rapporte à l’Eglise genevoise quelque 10 millions de francs chaque année.
Des dons qui sont complétés par des revenus provenant de placements immobiliers et par les paroisses qui donnent à hauteur de 600’000 francs.
L’argent n’est pas le seul enjeu de l’ECR. La mise sur pieds d’événements, comme «Il est une foi», le rendez-vous cinéma annuel de l’Eglise, ou le repas de soutien permet de créer des liens entre catholiques. «Certains sont étonnés d’apprendre, lors de cette soirée, que des gens qu’ils croisent régulièrement sont catholiques». «Cela nous permet de renforcer notre réseau d’Eglise», souligne le responsable développement.
Mis en place il y a cinq ans, «Il est une fois», les rendez-vous cinéma de l’Eglise catholique se place également dans cette optique. Lors du premier repas de soutien ne 2014, un film a été programmé. Jugé trop long et empiétant trop sur la soirée, l’expérience n’a pas été reconduite. L’année suivante Geoffroy de Clavière a eu l’idée de lancer les rendez-vous cinéma de l’ECR: «Il est une foi». Cinq jours au cours desquels le public est invité à visionner une vingtaine de films dont certains sont suivis de débats.
«La tranche d’âge des donateurs se situe entre 45 et 85 ans, une moyenne d’âge que nous devons rajeunir», explique le responsable du développement. La stratégie va donc évoluer pour toucher les moins de 45 ans qui n’apparaissent quasiment pas dans les statistiques. Il est question de financement participatif, de mise en ligne de projets pour récolter des dons affectés. Les projets sont encore dans les cartons mais la réflexion est en cours. L’ECR doit penser aux jeunes, «ceux qui donneront demain», souligne Geoffroy de Clavière. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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