«Les médias doivent parfois courir après le pape»

Mario Galgano est la voix suisse de la section allemande de Vatican News. Il explique ce qui a changé depuis le passage de «Radio Vatican» à «Vatican News». Et ce que la spontanéité du pape François signifie parfois pour les journalistes.

Mario Galgano, âgé de 38 ans, est originaire de Schwyz. Historien de formation, il a été chargé d’information et porte-parole de la Conférence des évêques suisses (CES). Il représente depuis 2006 la voix suisse du programme de Radio Vatican (qui est devenu Vatican News en 2017) en langue allemande.

Pourquoi est-ce que «Radio Vatican» s’appelle maintenant «Vatican News»?
Radio Vatican avait un nom différent dans chaque langue. Avec Vatican News nous avons maintenant une «enseigne» similaire dans toutes les langues.

Mais c’est plus qu’un simple changement de nom…
Oui, tous les médias étaient autrefois indépendants les uns des autres: la radio faisait de la radio, La TV faisait des émissions et le journal publiait des textes, etc.. Nous sommes maintenant dans une situation multimédia. Chaque employé de Vatican News est responsable de tous les autres formats. Avant, je ne faisais que de la radio. Maintenant, je fais aussi des vidéos sur internet, j’écris pour le web, je produis de l’audio et je fais de la mise en page de photos.

Quel est le plus grand défi, à présent?
Avant, je ne faisais que parler et écouter. Maintenant, je dois utiliser mes cinq sens pour travailler. Un changement qui, à vrai dire, n’affecte pas que Radio Vatican, mais les médias du monde entier. Le Vatican est confronté à ces nouveautés. Un autre défi est le fait que les utilisateurs peuvent réagir et interagir directement par le biais des nouveaux médias.

Quelles sont les réactions ?
Très variées. Il y a des utilisateurs qui expriment de la joie, d’autres de l’irritation. Dans le monde de l’Eglise il y a beaucoup d’opinions différentes. Là aussi nous voulons motiver le débat. Dans les pays germanophones, en particulier en Suisse, la possibilité de réagir activement est très utilisée.

«Pour construire ma conscience, j’ai besoin de savoir»

Vatican News est-il le porte-parole du Vatican?
Nous ne sommes pas le département marketing du Vatican. Le but de Vatican News est d’expliquer ce que dit le pape – cela signifie principalement du travail de traduction – et comment interpréter ses paroles. Nous sommes, pourrait-on dire, des «spécialistes» du pape, et non des porte-parole. Le porte-parole transmet la position du pape. Nous transmettons ce qu’il dit et essayons d’expliquer le contexte dans lequel il le dit.

Dans quelle mesure Vatican News est indépendant?
Il n’y a pas de censure à Vatican News. Quand le pape dit quelque chose au sujet de l’avortement, nous abordons le sujet, mais nous ne prenons pas position. Nos nouvelles sont dissociées et factuelles dans toutes les langues. C’est un aspect souvent critiqué.

Par exemple, nous avons parlé dès le début des affaires d’abus sexuels. Les «sujets brûlants» comme le célibat des prêtres ou l’euthanasie ne sont pas non plus pour nous des sujets tabous. Mais bien sûr, nous n’en parlons que s’il existe une actualité en lien. Cela peut être les déclarations d’un évêque ou d’un politicien catholique.

Quels sujets traitez-vous en dehors des propos du pape?
Vatican News a pour tâche de donner une voix à tous ceux qui, dans l’Eglise universelle, n’en ont pas. Partout dans le monde, il y a des gens qui travaillent directement ou indirectement au nom de l’Eglise catholique et qui ont des expériences à faire valoir.

Au sens large, cela implique aussi la formation de la conscience. Le mot «conscience» contient le mot «savoir». Pour construire ma conscience, j’ai besoin de savoir. Ma conscience peut-elle vivre quand je sais que des enfants meurent dans une guerre à 5000 km de chez moi? Notre tâche est de porter là aussi notre regard et de donner une voix à ces personnes sans voix.

Le pape François est considéré comme une star des médias. Qu’est-ce que cela signifie pour Vatican News?
(rires) Plus de travail! Il faut parfois lui courir après. Il est connu comme une «terreur» du protocole, parce qu’il fait spontanément quelque chose d’autre que convenu. C’est intéressant pour les médias, bien sûr, parce que de telles scènes peuvent être facilement dépeintes. Mais nous sommes toujours pris par surprise, et donc en alerte constante. (cath.ch/kath/sys/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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