Cette réforme visant à pérenniser le pouvoir du président Idriss Déby Itno, en poste depuis 28 ans, fait partie des conclusions d’un «forum national inclusif» sur la réforme des institutions, organisé à la fin du mois mars par le pouvoir, mais boycotté par l’opposition. Adopté en Conseil des ministres, le 11 avril 2018, le projet devra être présenté au parlement le 30 avril.
Le Mouvement patriotique du Salut (MPS) du président Déby y dispose de la majorité, avec 83 députés sur 188 sièges, donnant ainsi la chance de voir le projet adopté, même si l’article 224 de la loi fondamentale prévoit un référendum pour toute révision de la Constitution de 1996.
Dans une déclaration datée du 19 avril, les évêques déplorent que le processus de révision constitutionnel, risque de fausser gravement les règles du jeu démocratique et qu’il porte les germes d’une division entre les citoyens. Ils dénoncent aussi le recours à la voie parlementaire pour une révision constitutionnelle de cette nature.
Sur le plan social, les évêques regrettent la persistance de la «Diya» ou prix du sang. Cette coutume islamique veut qu’un crime de sang, comme un meurtre ou des blessures graves, soit ‘réparé’ par un dédommagement en argent ou en nature payé à la famille d’une victime. Le Tchad est l’un des rares pays d’Afrique au sud du Sahara où cette loi islamique existe.
Pour les évêques, la «Diya» «divise les Tchadiens, compromet la paix sociale, et les efforts déployés pour restaurer l’Etat de droit, et ruine les communautés. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités compétentes de ne pas l’imposer à une communauté où elle n’est pas de tradition (les chrétiens ndr), et que son application soit encadrée dans les communautés où elle est reconnue (les musulmans ndr)», ont plaidé ses membres. (cath.ch/ibc/mp)
Maurice Page
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