Si le document du Conseil fédéral constate qu’il y a urgence à agir contre la pauvreté, il souhaite dans le même temps couper drastiquement dans les budgets des programmes destinés à améliorer la situation. Caritas Suisse déplore, dans un communiqué, une attitude »qui manque de courage». L’œuvre d’entraide catholique regrette notamment que le Conseil fédéral renonce au monitorage de la pauvreté, un document qui permet d’analyser régulièrement la situation de la pauvreté et de mettre en évidence son évolution.
Caritas rappelle que malgré la bonne conjoncture économique, la situation des personnes pauvres ne s’est pas améliorée ces dernières années. Plus de 600’000 personnes vivant en Suisse sont considérées comme telles, dont plus de 100’000 enfants et adolescents.
Par le Programme national contre la pauvreté, la Confédération avait pourtant pris pour la première fois ses responsabilités dans le domaine, relève l’œuvre d’entraide. Le Conseil fédéral a mis en œuvre ces cinq dernières années ce Programme en collaboration avec les cantons, les villes, les communes et des organisations non gouvernementales. Il a coûté au total 9 millions de francs. Il a élaboré les principes scientifiques de base, tenté des approches innovantes en la matière, mis à disposition des instruments pratiques et réuni les acteurs spécialisés autour de la thématique. «Avec des moyens modestes, un énorme travail de base et de réseautage a été accompli», admet ainsi Caritas.
L’œuvre d’entraide regrette pourtant un certain nombre de décisions mentionnées dans le rapport, en particulier l’abandon du monitorage de la pauvreté. «Une politique de lutte contre la pauvreté durablement efficace nécessite un monitorage ainsi que quelques autres instruments. La Confédération, les cantons, les villes et les communes doivent mettre au point, avec la collaboration des organisations de la société civile et des personnes pauvres elles-mêmes, une stratégie fédérale de lutte et de prévention de la pauvreté». Pour l’œuvre d’entraide, le cœur de cette stratégie doit être constitué d’objectifs contraignants, dont la réalisation est également mesurable et contrôlable.
Elle préconise ainsi la création d’une commission fédérale pour les questions de pauvreté, qui pourrait garantir que les échanges entre les spécialistes et les politiques fonctionnent sans accrocs. (cath.ch/com/rz)
Raphaël Zbinden
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