Quel souvenir gardez-vous de la rencontre avec le pape?
Mgr David Macaire: Je l’ai trouvé très détendu et libre, nous gardant près de trois heures. Il nous a donné l’impression que nous étions importants. C’est même nous qui avons donné le signal du départ! Je garde de ses propos l’image de l’Eglise comme un fleuve, dans lequel on peut nager à droite ou à gauche. Car certains dans les médias classent parfois le pape dans ces catégories politiques. Mais j’ai pu constater qu’il est très clair sur les principes, et absolument pas relativiste!
A propos du synode sur l’Amazonie, la question de l’ordination d’hommes mariés a de nouveau été soulevée. Cela a-t-il fait l’objet d’un échange avec le pape?
Un évêque lui a posé la question. Le pape n’a pas répondu directement, mais il a reposé le principe selon lequel c’est l’eucharistie qui fait l’Eglise, et l’Eglise qui fait l’eucharistie. Pour lui, on ne peut donc laisser des communautés amazoniennes sans eucharistie pendant un an. La question est pour lui de trouver la solution pastorale adaptée.
L’enjeu de la famille a également fait partie de vos discussions au Vatican…
C’est capital pour les Antilles, car ici la famille n’a jamais vraiment été construite et structurée comme cela a été le cas en Europe. Bien qu’elle soit chrétienne… Souvent, le mariage est vu comme un achèvement et non un préalable à la vie de couple. Nous marions ainsi des couples qui ont 3 ou 4 enfants et qui sont déjà installés ensemble de longue date. Nous en avons parlé à l’occasion de nos échanges sur les JMJ de Panama et de la Rencontre mondiale des familles de Dublin, en Irlande.
Au cours de cette visite, vous avez été marqué notamment par votre passage au Conseil pontifical de la culture?
A côté de la grande culture, je voulais faire entendre la voix de la culture populaire, très importante aux Antilles. Cette dimension populaire de la foi est une vraie richesse, et c’est aussi un élément de la culture d’une société. En Martinique, il n’y a pas de combat larvé autour de la laïcité, comme il peut y avoir en métropole. C’est beaucoup plus simple pour tout le monde, y compris pour les pouvoirs publics! Au cours de ma visite, j’ai aussi pu faire remarquer combien l’Eglise catholique est encore peu présente s ur le web. Sur Youtube par exemple, sa présence est minime, alors que les évangéliques – très actifs et même agressifs dans cette partie du monde – y touchent des millions de personnes.
Un éventuel voyage du Souverain pontife en Haïti est-il à l’ordre du jour?
Etant donné les liens francophones très étroits avec cette île éprouvée, cela nous paraît évident que le pape doit venir! Mais le principe n’est pas encore fixé…(cath.ch/imedia/ap/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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