Ce courrier du pape fait suite à la mission au Chili en février de son envoyé Mgr Charles Scicluna, accompagné de Mgr Jordi Bertomeu. Ceux-ci étaient chargés d’entendre des témoignages concernant Mgr Juan Barros, un évêque chilien accusé par certains d’avoir caché des abus sexuels commis par un prêtre et dont il aurait été témoin dans sa jeunesse. Lors de son voyage dans ce pays en janvier, le pape François avait déclaré croire Mgr Barros «innocent», tout en se déclarant prêt à entendre de nouveaux témoignages.
Dans le rapport de Mgr Scilcuna, remis le 20 mars, le successeur de Pierre affirme avoir lu des récits «crus, sans additifs ni édulcorants, de nombreuses vies crucifiées» par les abus commis par des membres du clergé. «Je vous confesse que cela m’a causé douleur et honte», confie-t-il aux prélats chiliens. Contre cela, le pontife affirme être engagé dans un «chemin intérieur» pour être guidé par le Saint Esprit.
Selon lui, il faut prendre des mesures pour rétablir «la communion ecclésiale» au Chili afin de «réparer autant que possible le scandale et rétablir la justice». C’est pourquoi, informe-t-il les évêques, «je pense vous convoquer à Rome pour dialoguer sur les conclusions de la visite [de Mgr Scicluna] et de mes conclusions». Ce sera «un moment fraternel, sans préjugé ni idée préconçue», assure-t-il, afin de «faire resplendir la vérité dans nos vies».
Pour sa part, le pape François demande «pardon à tous ceux que j’ai offensés (…) par de graves erreurs d’évaluation et de perception de la situation, surtout par manque d’information vraie et équilibrée». Il espère également pouvoir exprimer de vive voix ces excuses aux «représentants des personnes» rencontrées par Mgr Scicluna.
En attendant cette rencontre dont la date doit encore être définie, le successeur de Pierre demande aux évêques de prier pour aborder la réunion avec «magnanimité» afin de pouvoir en traduire les conclusions par des faits concrets. «Plus que jamais, insiste-t-il, nous ne pouvons pas tomber à nouveau dans la tentation du verbiage». De même, demande-t-il, «il pourrait être opportun de mettre l’Eglise au Chili en état de prière».
Au cours de leur mission au Chili en février, relève le pontife, Mgr Scicluna et Mgr Bertomeu ont rencontré 64 personnes. Ces rencontres ont permis de produire un rapport de 2’300 pages. Pour le pape, les personnes rencontrées ont «montré les blessures de leur âme» tout en sachant garder un «climat de confidentialité» qui a évité à cette mission de devenir un «cirque médiatique». (cath.ch/imedia/xln/rz)
Raphaël Zbinden
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