Les chapelets sont en bois d’olivier, symbole de la paix, affirme Mgr Bürcher, dans une région qui en a tant besoin. «Le pape nous demande instamment de prier pour la paix, en particulier pour Jérusalem et la Terre Sainte!»
L’évêque suisse de 72 ans, qui vit depuis 2015 une partie de l’année en Terre Sainte, travaille sur place avec Caritas Jérusalem, «le bras social de l’Eglise catholique», responsable de toute la logistique concernant la fabrication des chapelets. L’opération, qui a débuté l’automne dernier, permet de donner du travail pendant plusieurs mois à des centaines de personnes en difficulté. Elle ne fait pas concurrence au commerce des souvenirs en bois réalisés par l’artisanat traditionnel de Bethléem.
L’Association «Saint Jean-Marie Vianney Lausanne» (ASJMVL) – une association ayant pour but de soutenir la mission de Mgr Bürcher – est responsable de la collecte de fonds pour couvrir les frais de fabrication et d’acheminement des chapelets.
A Bethléem, l’œuvre d’entraide locale a choisi de confier le travail à des jeunes au chômage, à des réfugiés, à des familles monoparentales, ou à des femmes dont le mari a été tué ou croupit dans les geôles israéliennes. Les chapelets ne seront pas écoulés sur place, mais acheminés par bateau au Panama en novembre prochain. Chaque chapelet coûte environ un dollar et le projet est évalué à 1,5 million de dollars.
C’est une grande aide pour les nécessiteux de Bethléem, Beit Sahour et Beit Jala
Près de 800 personnes travaillent à réaliser ces chapelets à Bethléem et dans les villes proches de Beit Sahour et de Beit Jala. Le prix comprend les salaires, le coût des machines et du matériel, ainsi que le transport jusqu’au Panama. «Les chapelets seront acheminés depuis le port d’Ashdod, en Israël, sur plus de 12’000 km. Pas moins de 30 tonnes, 81 millions de grains et 1,5 million de petites croix en bois, à assembler sur 750 km de fil élastique, pour que les chapelets puissent être portés au poignet, comme aiment les jeunes…», égrène Mgr Bürcher.
Le natif de Fiesch, en Haut-Valais, qui fut évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg (1994-2007) puis évêque de Reykjavik, en Islande (2007-2015), est depuis longtemps engagé aux côtés des chrétiens de Terre Sainte, au sein de Catholica Unio Internationalis ou comme membre de la Congrégation romaine pour les Eglises Orientales.
Le projet a une dimension à la fois sociale et spirituelle, confie Mgr Bürcher à cath.ch, raison pour laquelle il l’a nommé AveJMJ: «AVE comme Ave Maria (Je vous salue, Marie), JMJ comme Journées Mondiales de la Jeunesse, et Jésus, Marie, Joseph».
«Les jeunes aux JMJ seront ainsi invités à prier le Seigneur par l’intercession de Marie, grâce à la prière toute simple du chapelet». L’évêque valaisan se réjouit, par exemple, que grâce à l’apport de ce travail, plusieurs jeunes filles de milieux défavorisés aient pu gagner de quoi payer leurs taxes d’inscription à l’Université.
«Je suis devenu ‘l’ambassadeur de Saint Joseph’, qui est censé susciter la générosité du public et des institutions qui voudront bien soutenir cette opération. Je cherche des sponsors. Des évêques allemands m’ont déjà aidé et le 12 septembre dernier, jour de la fête du Saint Nom de Marie, nous avons reçu un don anonyme de 100’000 francs… Nous avons déjà récolté en quelques mois plus de la moitié de la somme de 1,5 million de dollars. On trouvera le reste, je fais confiance à Saint Joseph!»
La Conférence des évêques suisses a ainsi décidé qu’une quête serait organisée d’ici à fin septembre dans tous les diocèses et abbayes territoriales de Suisse pour aider à financer le projet.
L’entreprenant défenseur des périphéries de Terre Sainte, qui visite fréquemment sur place les ateliers de production, cherche désormais tous azimuts des solutions pour pérenniser les postes de travail créés par la fabrication des chapelets des JMJ.
«Et toi Daniel, tu pries pour la paix ? Et quelle prière dis-tu ?» demande un jour le pape François à Daniel Pittet. Le Fribourgeois était présent à Rome en 2017 pour présenter les impressionnants résultats du livre «Aimer, c’est tout donner» sur la vie religieuse en Suisse romande. «Je prie le chapelet», lui a-t-il répondu. «Fais connaître le chapelet dans le monde entier, afin que les jeunes prient pour la paix !», a alors lancé François.
«Je ne savais pas que faire… Par bonheur, quelques jours plus tard j’ai rencontré Pierre Bürcher, un ami de la famille que je connais depuis tout jeune», poursuit Daniel Pittet.
Pour des raisons de prix, il aurait été possible de produire ces chapelets en Chine, mais Pierre Bürcher a eu l’idée de les faire fabriquer à Bethléem. Tous deux se sont rendus sur place et ont rencontré le Père Pietro Fellet, secrétaire de l’Assemblée des ordinaires de Terre Sainte, qui les a dirigés vers Caritas Jérusalem.
Un partenariat a été établi entre Caritas Jérusalem et l’Association «Saint Jean-Marie Vianney Lausanne» (ASJMVL) et une convention a été signée.
Après avoir appris de l’archevêque de Panama, Mgr José Domingo Ulloa, que la place de la JMJ ne pourrait accueillir que 500’000 personnes, Mgr Bürcher a décidé que chaque jeune participant recevrait trois chapelets: un pour lui-même, un pour offrir à un jeune au Panama, et un autre pour une personne de leur pays d’origine. Une petite image du pape François sera également ajoutée au paquet offert aux participants. (cath/be)
Jacques Berset
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