Ce saint de l’Eglise apostolique arménienne a passé une grande partie de sa vie au monastère de Narek, au sud du lac de Van. Théologien et grand auteur mystique, il a approfondi les thèmes de la miséricorde divine, du combat spirituel et de l’amour de la vie mystique.
Il meurt vers 1005, laissant une œuvre abondante, notamment un commentaire du Cantique des cantiques ainsi que de nombreux poèmes et hymnes et odes. Ses Elégies sacrées, où s’expriment son expérience mystique, sont encore aujourd’hui l’un des principaux livres de prière de l’Eglise arménienne.
Grégoire de Narek a aussi rédigé des odes célébrant la Vierge, des chants, et des panégyriques. Il attachait en effet une grande dévotion à Marie, à partir de laquelle il a approfondi la doctrine de l’Incarnation.
Son œuvre maîtresse reste néanmoins le Livre des Lamentations qu’il achève à la fin de sa vie. Monument de la langue arménienne classique, il le décrivait comme une série de «conversations avec Dieu venues des profondeurs du cœur», adressée à tous, tant aux puissants qu’aux miséreux.
«Je l’ai fondé – écrit Grégoire de Narek – construit, meublé, poli, ornementé, conclu, parachevé, en une œuvre bellement homogène, j’ai rassemblé tous mes écrits, moi, Grégoire, moine cloîtré, poète dérisoire». Et ce, dans le but «d’apaiser tant les maux de l’âme que ceux du corps».
En rédigeant ce livre, Grégoire de Narek a alors la conviction qu’une vie «libre de corruption» est possible, même ici-bas. Véritable appel à la miséricorde divine, cet ouvrage, affirme l’ambassade d’Arménie, est une «poésie très élevée qui a le pouvoir d’une plainte mais capable d’arracher le pardon divin».
Grégoire de Narek a été reconnu comme 36e docteur de l’Eglise par le pape François le 12 avril 2015. Il devient le second docteur à provenir d’une Eglise orientale, après Ephrem le Syrien en 1920 par Benoît XV. Lors de la cérémonie d’élévation au doctorat, le pape François avait évoqué «le premier génocide du 20e siècle» : celui des Arméniens cent ans auparavant.
Le pontife s’est rendu en Arménie un an et trois mois après. A cette occasion, le président du pays Serzh Sargsyan lui a fait don d’une statuette de saint Grégoire de Narek pour le remercier de son pèlerinage dans la première nation chrétienne.
La statuette a tant plu au pape que le chef d’Etat arménien en a commandé une réplique de deux mètres en bronze au sculpteur arménien installé en France, David Erevantzi. Celle-ci sera donc inaugurée le 5 avril prochain, en présence du président ainsi que du patriarche Karekine II Nersissian, catholicos de tous les Arméniens. (cath.ch/imedia/ah/rz)
Raphaël Zbinden
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