Australie:le procès contre le cardinal Pell aura-t-il lieu?

La justice australienne doit prochainement décider de la pertinence d’un procès concernant les accusations d’abus sexuels contre le cardinal George Pell. Après une audition de témoins préliminaire de quatre semaines, la défense dénonce une forme d’acharnement policier contre le préfet du secrétariat pour l’économie du Saint-Siège.

Le cardinal Pell est rentré de Rome dans son pays natal en juillet 2016 pour répondre des accusations portées contre lui. Le ›numéro 3’ du Vatican a été accusé de complicité dans la dissimulation d’abus sexuels dans le diocèse de Ballarat, au sud-est de l’Australie, dans les années 1970 et 1980, ainsi que dans le diocèse de Melbourne, à la fin des années 1980 et 1990. Des allégations dirigées directement contre lui ont également fait surface, concernant des agressions sexuelles, des attouchements et des actes d’exhibitionnisme à l’encontre de mineurs, qui se seraient déroulés entre 1961 et 1997.

La crédibilité des accusations examinée

Une étape importante de la procédure pénale a été franchie le 29 mars 2018, suite à l’achèvement de l’audition préliminaire d’une trentaine de témoins. La juge Belinda Wallington, de la cour de justice de Melbourne, doit à présent décider si les charges présentées sont suffisamment crédibles pour envoyer le cardinal Pell devant un jury. Si la magistrate juge qu’elles ne le sont pas, le procureur général garde le droit de contredire la juge et de convoquer un procès, rappelle le quotidien australien The Age. Mais ce mécanisme est rarement utilisé.

Une «chasse aux sorcières?»

Les détails des accusations contre Mgr Pell ne sont pas connus, les auditions s’étant déroulées à huis clos. Des informations ont tout de même filtré, note le journal, qui parle «d’échanges incendiaires» durant la dernière semaine des témoignages.

L’avocat de la défense Robert Richter a vivement critiqué le travail de la police. Il a notamment reproché aux enquêteurs d’avoir omis de récolter les témoignages de religieuses, de membres d’une chorale et de responsables d’Eglise, favorables au cardinal. L’avocat a en outre fait état de déclarations contradictoires de témoins à charge, que la police n’aurait pas pris la peine de confronter. Il a accusé la police de s’être globalement concentrée sur le cas du prélat, dans une démarche qualifiée d’opération «attrapez Pell» (get-pell operation).

Robert Richter aurait également eu une vive confrontation avec la journaliste australienne Louise Milligan. Cette dernière avait publié en mai 2017 un livre à charge sur les prétendus agissements pédophiles du cardinal. L’avocat l’aurait accusée d’avoir biaisé la réalité des événements.

Plainte supplémentaire

Plusieurs charges contre Mgr Pell ont déjà été abandonnées, l’un des plaignants étant décédé et un autre ayant été déclaré inapte à témoigner. Une nouvelle accusation aurait cependant été portée au dossier, après que l’un des témoins ait soumis une nouvelle plainte à la police.

La cour doit siéger le 17 avril 2018, afin de se prononcer sur des apports supplémentaires du camp de la défense et les réponse de la partie plaignante. Le cardinal Pell, qui souffre de problèmes de santé, a été exempté de se présenter à cette occasion. (cath.ch/ag/rz)

Abuseur ou victime? L’affaire Pell divise l’Australie

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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