En ouverture de leur document final, les jeunes insistent sur son objectif: il doit être une «boussole» pour les Pères synodaux réunis à Rome en octobre prochain. Il vise ainsi à exposer les réalités spécifiques et les différents contextes des jeunes d’aujourd’hui. Elaboré en anglais, le document, qui bénéficie d’une traduction ‘de travail’ en plusieurs langues, a été communiqué par le Secrétariat général du Synode. Une copie en sera remise au pape le 25 mars, lors de la messe des Rameaux.
Les jeunes essayent de «donner du sens» dans un monde toujours en mutation, écrivent-ils eux-mêmes dans cette synthèse. Pour cela, ils ont tous le souhait d’un «sentiment d’appartenance», de communautés qui les soutiennent. L’Eglise a un «rôle vital» à jouer pour cela, en répondant à leur «désir d’avoir des communautés fortes».
Pour cela, la première mission de la communauté chrétienne vis-à-vis des jeunes est de leur offrir des «modèles qui soient attractifs, cohérents et authentiques». Et le document d’expliciter cette demande: «Les jeunes veulent des témoins authentiques, des hommes ou des femmes qui donnent une image vivante et dynamique leur foi». Trop souvent, déplorent-ils, la sainteté paraît «inatteignable».
Ce besoin concerne en particulier les jeunes femmes, qui cherchent des figures de référence, non pas en terme de responsabilités, mais de mission: beaucoup de jeunes ont une vision «peu claire» de leur rôle propre au sein de la communauté des croyants.
Ce besoin de modèles se reflète aussi dans une demande de formation. L’Eglise doit continuer à «proclamer la joie de l’Evangile en se laissant guider par l’Esprit Saint», souligne le document. Trop souvent, regrettent les jeunes, il est difficile d’entendre le message de l’Evangile.
Notamment sur les questions sociétales et affectives: si des jeunes ne comprennent pas certains enseignements de l’Eglise ou ont de profonds désaccords avec ceux-ci, ils demandent avant tout de meilleures explications. De même, les jeunes saluent les initiatives qui offrent une meilleure compréhension des sacrements.
Sur la vocation, les jeunes demandent une «compréhension simple et claire» de celle-ci. S’ils comprennent qu’il faut donner un but à leur vie, ils ne savent pas comment «connecter» ce but avec «la vocation comme cadeau et appel de Dieu». L’Eglise, estiment les jeunes, a une occasion à jouer dans le discernement vocationnel, pour les accompagner dans leur responsabilité personnelle à entendre l’appel du Seigneur.
Ces désirs ne sont pas désincarnés. Les jeunes demandent à l’Eglise des accompagnateurs. Pas forcément consacrés, ceux-ci doivent être des chrétiens fidèles et engagés dans l’Eglise et le monde. «Une Eglise attractive est une Eglise en relation», insiste le document.
Ces mentors doivent eux aussi recevoir une bonne formation. Et ne pas être mis sur un piédestal, car leur éventuelle chute à un impact dévastateur chez les jeunes accompagnés. Pour les jeunes, il ne s’agit pas «de personnes parfaites mais de pécheurs pardonnés» qui marchent à leurs côtés.
L’Eglise aussi est appelée à être authentique, c’est-à-dire à reconnaître rapidement et sincèrement ses erreurs passées et présentes. «Une Eglise crédible n’a pas peur d’être vue comme vulnérable». Si elle agit ainsi, alors elle se «différenciera des autres institutions et autorités en lesquelles la plupart des jeunes n’ont pas confiance».
L’Eglise ne doit pas se concentrer sur les questions institutionnelles, mais sur les personnes. Parfois, regrettent-ils, les pasteurs semblent déconnectés et l’Eglise est alors non-pertinente. A l’inverse, «nous voulons une Eglise qui nous aide à trouver notre vocation», revendiquent les participants au pré-synode.
Pour les jeunes, la communauté catholique doit ainsi être accueillante et miséricordieuse : elle doit aimer chacun, y compris ceux qui ne correspondent pas à ses normes. Souvent, remarque le document, l’Eglise apparaît «excessivement sévère et moraliste».
Par ailleurs, les jeunes demandent qu’on leur fasse confiance. Ils peuvent être une «présence joyeuse, enthousiaste et missionnaire» alors que sans cela les communautés peuvent sembler ‘mortes’. C’est pourquoi ils demandent à être impliqués dans les processus décisionnel, à tous les niveaux: du groupe de croyants jusqu’à la Curie romaine.
L’Eglise doit donc développer des formations au leadership pour des jeunes responsables et veiller à leur «développement continu». Les séminaristes et les religieux devraient pouvoir mieux accompagner les jeunes leaders. «Nous ressentons fortement que nous sommes prêts à devenir des responsables», soutiennent-ils.
Pour cela, les jeunes demandent à l’Eglise de les rejoindre dans leurs lieux de vie par de nouvelles voies «créatives». Dans les écoles et les universités, ils demandent notamment une présence plus forte et plus efficace. Le message évangélique doit également être annoncé sur les nouveaux moyens de communication.
Concernant ceux-ci, l’Eglise doit enseigner le discernement pour éviter de tomber dans une «réalité parallèle qui ignore la dignité humaine». En effet, si les avancées technologiques ont «réellement amélioré nos vies», elles comportent aussi une certaine ambiguïté et certains vices. Notamment la crise généralisée de la pornographie, soulignent les jeunes. (cath.ch/imedia/xln/mp)
Maurice Page
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