Pour le site vaticaniste américain Crux, le 22 mars, Mgr Viganò a «clairement» voulu souligner que l’idée qu’une rupture entre les pontificats de Benoît XVI et de François était «stupide». Le point de départ de l’affaire a de fait été la lecture publique, faite par le préfet du Secrétariat pour la communication, d’une lettre de Benoît XVI, lors de la présentation d’une collection sur la théologie du pape François.
Mais ce faisant, estime John Allen Jr, il a aussi mis en lumière de «réelles tensions» dans l’Eglise. Et notamment, la question de savoir «jusqu’à quel point» les deux pontificats étaient «vraiment en harmonie». C’est une matière utile à réflexion, conclut l’article.
Pour Gian Guido Vecchi dans le Corriere della Sera, le 21 mars, les polémiques, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, ont fini par «créer une atmosphère de division qui dans les faits, n’a jamais existé entre Benoît XVI et François».
Ecrivain et vaticaniste émérite, Luigi Accatoli confirme cette vision dans un entretien du 22 mars avec Formiche.net. S’il reconnaît que la présence de deux papes est un événement sans précédent dans l’Eglise dans les siècles récents, le mémorialiste rappelle qu’à quatre reprises depuis sa renonciation en 2013, Benoît XVI a soutenu son successeur.
Outre cette dernière lettre du 12 mars, où Benoît XVI affirme la «continuité intérieure» entre les deux pontificats, la plus notable occurrence a été en septembre 2016, dans son livre ›Ultimes conversations’, avec Peter Seewald. Mais aussi lors de ses 65 ans de sacerdoce
Le journaliste concède cependant que demander de soutenir le pape François à un homme, tel que le théologien Peter Hünermann, qui a été adversaire du pape émérite «n’a certainement pas été une bonne chose». Il ajoute que ce n’est probablement pas une décision de Mgr Viganò. Dans sa lettre, Benoît XVI avait critiqué la présence de ce théologien allemand parmi les auteurs de la collection.
Pour l’agence américaine Catholic News Agency, le 22 mars, cette affaire révèle aussi un «agenda derrière certaines discussions», à savoir la volonté de «miner» l’enseignement traditionnel de l’Eglise. Selon le journaliste Andrea Gagliarducci, c’est vrai particulièrement de l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI sur la régulation naturelle des naissances, qui fête ses 50 ans en 2018.
Enfin, du côté des évêques italiens, plusieurs ont appelé à dépassionner le débat. C’est le cas de Mgr Nunzio Galantino, secrétaire de la Conférence des évêques. Et aussi du secrétaire du Conseil des cardinaux, Mgr Marcello Semeraro, évêque d’Albano et proche du pape, qui a appelé dans le Corriere della Sera à faire cesser «l’instrumentalisation» de cette affaire.
Dès le 20 mars, le cardinal Tarcisio Bertone affirmait pour sa part à Vatican Insider, à propos de cette polémique, que les comparaisons entre les deux pontificats «ne servent à rien» et sont même «contre-productives».
En outre, d’un point de vue de l’organisation de la Curie, il est incontestable, affirme encore Andrea Tornielli sur le site italien Vatican Insider le 22 mars, que «la réforme des médias a concentré dans les mains du préfet un pouvoir considérable, et sa gestion a causé «plus d’un bras-de-fer» avec les autres organismes curiaux. Notamment la Secrétairerie d’Etat.
Concernant la nomination du nouveau préfet, qui serait «imminente», le nom avancé est celui de Mgr Paul Tighe, Irlandais, actuel secrétaire du Conseil pontifical de la culture. Le prélat a été reçu le 16 mars en audience par le pape. Il travaillait auparavant au Conseil pontifical pour les communications sociales. (cath.ch/imedia/ap/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/curie-romaine-la-presse-tire-les-lecons-de-la-demission-de-mgr-vigano/