Jeunesse
La jeunesse n’existe pas. Le plus souvent, quand nous parlons de jeunesse, nous faisons inconsciemment référence au mythe de la jeunesse. J’aime à penser en effet que la jeunesse n’existe pas, et que ce qui existe en revanche ce sont les jeunes.
Fake-news
C’est incroyable de voir combien, dans notre époque de post-vérité, il est facile de faire passer une fausse nouvelle pour une nouvelle véritable. Mais surtout, et c’est sans doute l’aspect le plus intéressant, on est stupéfait de voir que même quand cette nouvelle a été déclarée ›fausse’ en tous points, la conversation à son propos continue sur sa lancée; comme si du simple fait d’avoir été créée, même faussement, cette communication suscitait encore chez les gens une réaction légitime.
Rosaire
Il m’arrive parfois d’entendre de jeunes catholiques qui pensent avoir trop d’obligations pour trouver le temps de prier et de parler à la Vierge et à Jésus; je leur dis de trouver un quart d’heure pour parler avec leur cœur. Si l’on parle avec son cœur à la Vierge, on sera toujours écouté. C’est un acte d’amour que vous pouvez faire envers vous»«même: ce regard que vous tenez fixé sur votre téléphone portable, vous pouvez le tenir aussi fixé quelques minutes sur le rosaire.
Apparence
Quand j’étais jeune, ma grande peur était de ne pas être aimé. (…) [Je l’ai surmontée] En recherchant l’authenticité. (…) La société de l’apparence se construit sur la vanité, et quel est le symbole par excellence de la vanité? Le paon. Imagine un paon: quand on pense à cet animal, on le voit toujours avec sa roue ouverte, éclatante de couleur. Mais la réalité est autre. Tu veux voir la réalité du paon? Regarde»«le par derrière. La vanité a toujours un revers.
Austérité
Le contexte consumériste dans lequel nous vivons est très contraignant; c’est une invitation permanente à ›consommer à tout»«va’. C’est pourquoi il est urgent de retrouver un principe spirituel important et dévalué: l’austérité. (…) Éduquer à l’austérité est en réalité une richesse incomparable. C’est une éducation qui réveille l’ingéniosité et la créativité, qui génère des possibilités pour l’imagination, mais surtout qui permet le travail d’équipe, la solidarité.
Enfance
Quand je vois un enfant, je vois la tendresse, et là où il y a de la tendresse, la destruction ne peut pas entrer. (…) Le sourire de l’enfant, ce sourire ouvert, plein de confiance dans ses parents… C’est quelque chose qui me fait beaucoup de bien, et qui peut nous faire du bien à tous. Et je trouve de grandes ressemblances entre ce sourire et celui des anciens. Les jeunes et les vieux s’ouvrent à la vie depuis des points opposés, celui du commencement et de la fin: c’est une attitude qui les rapproche.
Jeunesse de Dieu
Dans le livre de l’Apocalypse (21, 5) il y a cette phrase : ›Et celui qui était assis sur le trône dit : voici, je fais toutes choses nouvelles’. Dieu est donc Celui qui renouvelle toutes choses, sans cesse, parce qu’Il est toujours neuf: Dieu est jeune! Dieu est l’Éternel qui n’a pas de temps, mais qui est capable de se renouveler, de rajeunir continuellement et de rajeunir toutes choses.
Miséricorde
C’est l’un des aspects dont j’aime le plus parler, parce que c’est sans doute le message le plus puissant du Seigneur. Le Seigneur est un Père ›riche de miséricorde’ (Eph, 2,4). Je voudrais dire que les jeunes ont un Père qui jette toujours sur eux un regard bienveillant et miséricordieux, un Père qui n’entre pas en compétition avec eux, un Père qui les attend toujours les bras ouverts. Il insuffle ainsi dans chaque être humain l’espoir et la consolation, et combat très efficacement la dépression.
Adultes
On voit trop souvent des adultes jouer à l’enfant, éprouver la nécessité de se mettre au niveau de l’adolescent, sans comprendre que c’est un leurre. C’est le jeu du diable. (…) C’est comme si les adultes disaient: ›Tu es jeune, tu as cette grande possibilité et cette énorme promesse, mais je veux être plus jeune que toi, je peux l’être, je peux feindre de l’être et en cela aussi être meilleur que toi’. Il y a trop de parents qui sont des adolescents dans leur tête, qui jouent à la vie éphémère éternelle et qui, consciemment ou non, rendent leurs enfants victimes de ce jeu pervers.
Racines
Les jeunes d’aujourd’hui grandissent dans une société sans racines. C’est pourquoi l’une des premières choses auxquelles nous devons penser en tant que parents, en tant que famille, en tant que pasteurs, ce sont les paysages où s’enraciner, où générer des liens, où faire grandir ce réseau vital qui nous permet de nous sentir chez nous. C’est une terrible aliénation pour quelqu’un de constater qu’il n’a pas de racines, cela signifie n’appartenir à personne.
Dialogue
Une voie possible est à mon avis le dialogue, le dialogue des jeunes avec les anciens: une interaction entre les jeunes et les vieux, y compris en passant temporairement par-dessus les adultes – la génération intermédiaire. Les jeunes et les anciens doivent se parler, et ils doivent le faire de plus en plus souvent: c’est véritablement une urgence! Et ce sont les vieux autant que les jeunes qui doivent prendre l’initiative. (…) Les vieux rêveurs et les jeunes prophètes sont la voie du salut pour notre société déracinée: deux générations d’exclus peuvent tous nous sauver.
Référence: Pape François, Dieu est jeune – Conversation avec Thomas Leoncini. Traduit de l’italien par Françoise Bouillot. Éditions Robert Laffont – Presses de la Renaissance.
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse